En Côté d'Ivoire, le vaccin contre la polio ne fait pas le poids face à la "volonté de Dieu"
La Côte d’Ivoire a lancé la première phase des Journées Locales de Vaccination (JLV) contre la poliomyélite à Abidjan. L'objectif est de vacciner environ 2 millions d’enfants de zéro à cinq ans, dans 32 districts sanitaires identifiés comme étant à haut risque.
Bouter la polio hors du pays. C'est l'objectif des autorités ivoiriennes qui ont lancé, le 17 juin dernier, la première phase des Journées Locales de Vaccination (JLV). Celles-ci visent à vacciner environ 2 millions d’enfants de zéro à cinq ans dans 32 districts sanitaires identifiés comme étant à "haut risque".
Maladie extrêmement contagieuse qui envahit le système nerveux et peut causer une paralysie permanente, la poliomyélite fait encore des victimes en Côte d'Ivoire. Pourtant, le pays avait été déclaré "libre de poliovirus sauvage" en novembre 2015, et toute l'Afrique a été certifiée exempte de cette maladie lorsque toutes les formes de poliovirus sauvage avaient été éliminées du sol africain. Mais cela n'a finalement pas suffi à mettre la Côte d'Ivoire à l'abri d'autres flambées de poliomyélite. Car malheureusement, il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager au sein des communautés, à savoir le poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale, ou PVDVc.
PVDVc, nom d'un virus !
Bien que les PVDVc soient rares, ils sont devenus plus fréquents au cours des dernières années en raison des faibles couvertures vaccinales au sein de certaines communautés. Les poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2) sont les plus répandus, 959 cas ayant été confirmés dans le monde en 2020.
Ces "poliovirus circulants dérivés d’un vaccin" (PVDVc) sont distincts des poliovirus "sauvages", agents pathogènes originels de la maladie désormais éradiqués du continent africain et qu'on ne trouve plus qu'en Afghanistan et au Pakistan. Il s'agit d'une mutation rare du virus contenu dans le vaccin. Ce dernier "est constitué d'un virus dont la virulence a été atténuée pour qu'il ne puisse induire une maladie. Lorsqu'il est administré par voie orale, (...) il y a ensuite une excrétion du virus vaccinal par les selles", explique le coordinateur des programmes d'immunisation et de vaccination pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Afrique, Richard Mihigo.
La contamination à ce virus est donc "le fait d'un manque de couverture vaccinale, ce n'est pas vraiment un effet secondaire de la vaccination", explique Oliver Rosenbauer, porte-parole de l’Initiative mondiale d'éradication mondiale de la polio (GPEI). "Lorsqu'une population est bien immunisée, elle est protégée contre ces deux types de virus", confirme l'OMS.
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"N'accusons pas Dieu"
Vous l'avez donc compris : la vaccination est la seule solution face à cette terrible maladie. Le ministre de la Santé, Pierre Dimba, l'a même qualifiée "d'arme efficace" contre la polio, à l'occasion du lancement de la campagne de vaccination dans la commune de Treichville. Car à ce jour, il n'existe aucun traitement mais, le sérum contre la polio empêche l'infection donc la transmission. Et les autorités ivoiriennes n'hésitent pas à le rappeler aux populations. Dans certains districts sanitaires, elles vont jusqu'à inviter les parents à ne pas... "cacher" leurs enfants.
"Notre responsabilité est de protéger nos enfants, Dieu nous le demande. On ne peut pas cacher nos enfants pour éviter de les faire vacciner et quand ils contractent la maladie (la polio) et qu’ils sont paralysés, nous accusons Dieu. N’accusons pas Dieu. Nous seuls sommes responsables", estime Doumbia Adama, le représentant du préfet de la région. Des propos qui trouvent écho dans les dires du Dr Kodji Florent, directeur département de la santé de Divo : "Ne cachez donc pas les enfants au passage des agents vaccinateurs. Tous les enfants de zéro à cinq ans doivent être vaccinés". Plus que jamais...
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