La polio dérivée d'une souche vaccinale, c'est quoi au juste ?
Depuis l'apparition du vaccin oral contre la poliomyélite, les cas ont drastiquement chuté en Afrique. Mais dans les pays du continent où la couverture vaccinale est faible, les poliovirus affaiblis dans ce type de vaccin peuvent être dangereux pour la santé.
Elle est toujours là ! Alors qu'on la croyait éradiquée, la poliomyélite existe toujours. Cette maladie se transmet d'une personne à l'autre par contact avec les matières fécales, souvent à la suite d'une mauvaise hygiène des mains ou de la consommation d'aliments ou d'eau contaminés par des matières fécales humaines. Le virus se réplique initialement dans le nez ou la gorge, avant de se déplacer vers les intestins et de se multiplier, puis de pénétrer dans la circulation sanguine et d'envahir le système nerveux central, où il peut provoquer des lésions nerveuses et une paralysie.
Des vaccins efficaces
Heureusement, les vaccins sont très efficaces pour prévenir la poliomyélite. Il en existe deux types : Le premier est le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). Il contient un mélange de souches de poliovirus qui ont été affaiblies, ce qui signifie qu'elles peuvent encore se répliquer, mais ne sont pas assez fortes pour provoquer une paralysie. Étant donné que le VPO est administré par la bouche, il déclenche la production d'anticorps à la fois dans les intestins et dans le sang. Cela signifie que si une personne vaccinée est exposée au poliovirus sauvage à l'avenir, le virus ne pourra pas se répliquer et infecter d'autres personnes.
L'autre type de vaccin est le vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI). Il est produit à partir de poliovirus qui ont été tués, de sorte qu'ils ne peuvent pas se répliquer, et est injecté dans la jambe ou le bras. Bien qu'il soit très efficace pour déclencher des anticorps dans le sang, empêchant le virus de se déplacer vers les nerfs et de provoquer une paralysie, le VPI est moins efficace pour déclencher des anticorps dans les intestins. Cela signifie que les personnes vaccinées peuvent toujours être infectées par le poliovirus sauvage et le transmettre à d'autres personnes, même si elles ne tombent pas elles-mêmes malades.
Historiquement, le VPO est plus populaire que le VPI parce qu'il est moins cher et plus facile à administrer, ce qui permet de vacciner un grand nombre d'enfants. Il protège également à la fois l'individu et la communauté contre l'infection – contrairement au VPI, qui ne protège que l'individu – ce qui est important si l'on veut éradiquer le poliovirus. C'est aussi le vaccin qui a été massivement utilisé sur le continent.
Présentation du poliovirus dérivé d'un vaccin
L'Afrique avait été certifiée exempte de poliovirus sauvage en 2020, après quatre années consécutives sans nouveau cas. Mais ces derniers mois, plusieurs pays africains ont fait face à des flambées de poliovirus "dérivés d’une souche vaccinale", notamment "au sein des communautés où un nombre insuffisant d’enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite".
Un poliovirus dérivé d'un vaccin (PVDV) est une souche du poliovirus atténuée qui était initialement incluse dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) et qui a évolué au fil du temps par mutation génétique pour devenir virulente et se comporter davantage comme un virus sauvage. De ce fait, il peut se transmettre à des personnes qui ne sont pas correctement vaccinées contre la poliomyélite et causer la maladie essentiellement dans des pays utilisant le vaccin oral. Tout comme les virus contenus dans le vaccin oral, ils sont excrétés dans les selles des individus vaccinés.
Heureusement, la poliomyélite dérivée d'une souche vaccinale est rare. Depuis 2000, plus de 10 milliards de doses de VPO ont été administrées à près de trois milliards d'enfants dans le monde, et un peu plus de 1.000 cas de paralysie due à la poliomyélite d'origine vaccinale ont été signalés au cours de cette période. Mais la moitié de ces cas a été détectée... en Afrique.
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