Violences sexuelles en RDC : pour les victimes il est encore difficile de parler
Après la remise du rapport sur les violences sexuelles commises par l'OMS en RDC, les victimes attendent que justice soit faite. Et que les premiers témoignages donneront à d'autres la force de parler.
C’est un terrible traumatisme. Pour les victimes des violences sexuelles commises par des employés de l'OMS en RDC, dénoncer les agressions qu'elles ont subies reste très difficile.
Leur "douleur" et la réticence de beaucoup d'entre elles à parler de ce qu'elles ont subi ont été évoquées à Goma, au cours d’une réunion de restitution des travaux de la commission d'enquête qui a dévoilé ces violences sexuelles.
"C'est avec beaucoup d’émotion, de douleur, que nous avons vécu cette étape-là. Beaucoup de femmes ont perdu leurs foyers. Il y a eu des enfants hors mariage", a déclaré Rose Kahambu Tuombeane, militante des droits humains venue de Butembo, dans la province orientale du Nord-Kivu.
Un nombre de victimes sous-estimé
Les enquêteurs ont interrogé des dizaines de femmes qui s'étaient vu proposer du travail en échange de rapports sexuels ou ont été victimes de viols. Le rapport fait état de 63 femmes et 12 hommes victimes, parmi lesquelles on compte des enfants âgés de seulement 13 ans.
Mais pour Rose Kahambu Tuombeane, "le nombre publié dans le rapport est inférieur au nombre réel de victimes". Selon elle, "les gens ne veulent pas dénoncer les faits. À cause de nos coutumes... Ce sont des questions taboues dans nos sociétés".
"On attend que justice soit faite"
Des responsables d'organisations de femmes venues d'autres territoires de la province et de l'Ituri voisine ont tenu à apporter leur soutien aux victimes.
"On nous dit que justice sera faite, on attend cette justice pour que les victimes soient prises en charge ou que les dommages soient réparés", exige Aimée Kyakimwa, une de ces femmes leaders, venue de Beni pour assister à la réunion.
L'enquête se poursuit
Les enquêteurs ont identifié 83 auteurs présumés, dont 21 étaient des employés de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les autres travaillaient pour le ministère de la Santé et d'autres organisations, a précisé Julienne Lusenge, coprésidente de la commission.
A l'OMS, deux hauts responsables ont déjà été placés en congé administratif. "Nous allons continuer les investigations", a promis l’Organisation, en précisant qu’elle avait "débuté des réformes structurelles à tous les niveaux, pour éviter" que ce genre de violences se répète à l’avenir.
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