En Afrique, la riposte s'organise contre l'antibiorésistance
Pour ne pas perdre le combat contre la perte d’efficacité des antibiotiques et accélérer la lutte contre la résistance antimicrobienne, l'Afrique mise sur une stratégie régionale.
C'est une crise des soins de santé dont vous n’avez probablement jamais entendu parler. La résistance aux antimicrobiens, ou RAM, est pourtant l'un des grands défis sanitaires de l'Afrique. Car si le continent n'agit pas maintenant pour résister à la résistance, plus de 4 millions d'Africains pourraient décéder d’ici 2050. À l’échelle de la planète, ce nombre pourrait dépasser les 10 millions à la même date.
La résistance aux antimicrobiens, c'est quoi au juste ?
Le mot "antimicrobiens" est un terme générique pour les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antiparasitaires. La résistance antimicrobienne survient lorsque vous prenez un médicament antimicrobien dont vous n’avez pas besoin. Par exemple, vous prenez un antibiotique pour un rhume ou une infection des voies respiratoires supérieures, qui sont le plus souvent des infections virales. Ou vous achetez des médicaments auprès de quelqu’un qui n’est pas un médecin agréé tel que votre médecin, votre infirmière ou votre pharmacien, et vous achetez ainsi une version affaiblie du médicament réel et/ou en prenez plus que la dose requise. Cela aide les microbes à acquérir une résistance au médicament authentique.
La RAM aggrave les maladies. Les infections mortelles comme la tuberculose (TB) sont devenues résistantes aux antibiotiques qui sauvent des vies. Le paludisme, qui tue chaque jour 3.000 enfants en Afrique, devient résistant à un traitement autrefois efficace. Si nous ne résistons pas à la résistance, nous pourrions perdre ces médicaments vitaux.
Cette résistance n’est pas seulement dangereuse pour les humains. La RAM affecte les animaux, y compris ceux utilisés dans la production alimentaire. Elle nuit également à l’environnement, des organismes résistants aux antimicrobiens se trouvant dans le sol, l’eau, et même l’air que nous respirons.
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Utilisation excessive des antibiotiques
En Afrique, le fardeau de la résistance antimicrobienne est également aggravé par le manque d’application des prescriptions et de la réglementation des ventes, d’une utilisation excessive des antibiotiques chez les humains et dans l’alimentation animale, ce qui entraîne une propagation des souches résistantes aux antibiotiques.
L’utilisation inappropriée des antimicrobiens chez les humains, au niveau des plantes et du bétail augmente le risque d’infection par des microbes résistants aux traitements disponibles, ce qui peut potentiellement entraîner des maladies graves et le décès.
Manque d'engagement politique
Bien que la plupart des pays africains disposent de plans d’action pour répondre à la résistance antimicrobienne, leur mise en œuvre reste faible dû à un manque d’engagement politique et à une surveillance antimicrobienne inadéquate.
D’autres facteurs concernent les capacités insuffisantes des laboratoires et des moyens permettant de garantir une utilisation optimisée des antimicrobiens et de renforcer la sensibilisation et la compréhension de la menace posée par la résistance antimicrobienne. De faibles mesures de prévention et de contrôle des infections, ainsi que des services d’eau, d’hygiène et d’assainissement insuffisants posent également problème.
Différentes stratégies
Pour ne pas perdre le combat, multiplier les stratégies s’avère indispensable. Au-delà de la nécessaire sensibilisation des médecins, l'ensemble des pays doivent mettre en œuvre des mesures afin d’optimiser l’utilisation responsable des antimicrobiens dans les établissements de santé d’ici à 2030. Dans ce sens, les ministres africains de la Santé viennent d'adopter une résolution qui vise à renforcer l’action contre la résistance antimicrobienne.
"La menace croissante que représente la résistance antimicrobienne nécessite une action renforcée et soutenue de la part de tous, que ce soient les gouvernements ou les individus, à travers tous les secteurs", a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, relevant que l’agence onusienne va continuer "de soutenir les pays pour renforcer les mesures de riposte efficace contre la résistance antimicrobienne".
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