Pre Kamdem : "La prévention des maladies cardiovasculaires commence dès l’enfance"

La cheffe du service cardiologie de l’hôpital général de Douala, la Pre Félicité Kamdem, expose les dangers de l’hypertension artérielle et conseille vivement la prévention pour éviter cette maladie.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
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La Professeur Félicité Kandem a répondu à nos questions sur l'hypertension artérielle
La Professeur Félicité Kandem a répondu à nos questions sur l'hypertension artérielle  —  Allo Docteurs Africa / Arnaud Ntchapda

L’hypertension artérielle est au cœur des préoccupations à l’hôpital général de Douala. À l'occasion de la  dernière Journée mondiale de l'hypertension artérielle, le 17 mai dernier, le service de cardiologie de l'hôpital camerounais a organisé des Journées portes ouvertes. Un dépistage gratuit de l’hypertension artérielle (HTA) et des autres facteurs de risques cardiovasculaires (obésité, excès de cholestérol, diabète) était notamment proposé aux "visiteurs". 

La professeure Félicité Kamdem qui coordonnait l’opération explique que l’hypertension artérielle touche plus de 7 millions de Camerounais. La faute à un manque de prévention. Pour en savoir plus, on a échangé avec la secrétaire générale de la Société Camerounaise de Cardiologie. Entretien.               

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Allo Docteurs Africa : Pourquoi avoir organisé une campagne de dépistage de l’hypertension artérielle ? 

Pre Félicité Kamdem : Il y a quelques années, on estimait qu'au moins 30% des Camerounais étaient hypertendus et seulement 30% des cas dépistés étaient sous traitement. À l’hôpital général, une étude révèle que plus de 80% des consultations sont liées à l’hypertension artérielle. Il est donc important de sensibiliser les populations. Il faut leur dire que l’hypertension artérielle existe, qu’elle est dangereuse et peut être mortelle. Et il ne faut surtout pas attendre l'apparition des signes de l'HTA pour se faire diagnostiquer. Car elle est souvent asymptomatique. Pourtant, l'hypertension artérielle peut entraîner des complications redoutables : 

- cardiaques (insuffisance cardiaque)
- rénales (insuffisance rénale)
- neurologiques (risque d’accident vasculaire cérébral). 

L’hôpital général a donc multiplié les dépistages lors de ses Journées portes ouvertes. Au cours de cette opération, nous avons proposé aux personnes qui venaient se faire dépister de faciliter l’obtention d’un bilan cardiovasculaire. Nous avons donc observé s'il n'y avait pas déjà un impact sur des organes comme le cœur. Nous avons aussi offerts des bilans sanguins recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 

A.D.A : Quelles sont les actions de la Société Camerounaise de Cardiologie sur le front de l'hypertension artérielle ? 

Pre F.K : Nous organisons tous les ans des campagnes de sensibilisation aux maladies cardiovasculaires en général et l’hypertension artérielle en particulier. La prévention passe par la sensibilisation. Et cette dernière n’est pas toujours facile. Nous voyons des parents demander au médecin que leur enfant en bonne santé ne pratique pas de sport à l’école. C’est aberrant ! Car la prévention des maladies cardiovasculaires commence dès l’enfance et se poursuit à l’âge adulte. 

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A.D.A : Quelle est la moyenne d'âge de vos patients hypertendus ? 

Pre F.K : Les patients hypertendus sont de plus en plus jeunes. Il faut savoir qu’il existe deux types d’HTA : l’hypertension artérielle essentielle qui est favorisée par les facteurs de risques cardiovasculaires. Elle représente 95% des cas alors que l’hypertension artérielle secondaire ne concerne que 5% des cas. Il s'agit, pour cette forme, d'une hypertension artérielle causée par une maladie. 

A.D.A : La couverture santé universelle vient d’être mise en place au Cameroun. Peut-elle être utile à votre combat ?     

Pre F.K :   La mise en place de la Couverture Santé Universelle (CSU) est une très bonne chose. Nous espérons que toutes les couches de la population pourront y avoir accès et que le nombre des malades va baisser. Aujourd'hui, les personnes les plus atteintes par l’hypertension artérielle ont plus de 60 ans. Elles sont généralement à la retraite et n’ont plus de revenus. Ils sont souvent pris en charge par leurs enfants ou un tiers. Cela pose problème car l’accès aux traitements se complique pour ces malades. 

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