Pourquoi resaler ses plats est une mauvaise habitude
Vous avez l'habitude de resaler vos plats sans même les goûter ? Une nouvelle étude confirme que c'est mauvais pour la santé. Ajouter du sel réduirait l'espérance de vie de deux ans chez les hommes et d'un an et demi chez les femmes.
Les dangers du sel sont déjà connus. En excès, le sel de table (chlorure de sodium) augmente le risque de maladies cardio-vasculaires, telles que l'hypertension artérielle, de cancer et d'œdèmes. Toutefois, les différentes études sur le sel et la survenue de maladies retrouvent des résultats contradictoires. Raison pour laquelle le chercheur Lu Qi a lancé une étude de grande envergure, publiée ce 10 juillet dans l'European Heart Journal, afin d'approfondir le lien entre l'ajout de sel dans ses plats et une mort prématurée.
190 000 participants
Plus de 500 000 Britanniques ont rempli un questionnaire portant sur l'ajout de sel dans leurs plats (en dehors du sel utilisé durant la préparation de ces plats), ainsi que sur le type d'aliments consommés.
Les auteurs ont suivi les participants durant trois ans. Au total, 190 000 personnes ont répondu aux appels de suivi. Ils ont ensuite étudié l'espérance de vie des participants, en croisant les données des certificats de décès issus des différents registres britanniques et le taux de mortalité de la population par âge et par sexe. Toute mort survenue avant 75 ans a été qualifiée de prématurée.
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Une espérance de vie réduite
Au total, 18 474 morts prématurées sont survenues. Le fait d'ajouter très souvent du sel était significativement associé au risque de décéder prématurément de cancer (de l'estomac, du foie, des reins, des poumons) et de maladie cardio-vasculaire. Cette donnée avait déjà été retrouvée dans d'autres travaux.
Deuxième constat intéressant : plus les participants consommaient des fruits et légumes (riches en potassium), moins l'association entre l'ajout de sel et les décès prématurés était forte. Les fruits et légumes apparaissent donc comme un facteur protecteur.
"Pour la première fois, nous avons prouvé qu'ajouter systématiquement du sel à sa nourriture était associée à une espérance de vie réduite de 2,28 ans pour les hommes et d'1,5 pour les femmes par rapport à ceux qui ne salent jamais ou rarement", ajoute Lu Qi, auteur principal de l'étude.
Une étude avec des limites
Cette étude comporte plusieurs limites : il s'agit d'une association et pas d'une relation de cause à effet. De plus, la fréquence élevée d'ajout de sel pourrait être un marqueur d'un style de vie peu sain ou d'un niveau socioéconomique faible, des facteurs associés à une mortalité plus élevée.
L'étude porte sur la fréquence de salage et non la quantité de sel, plus compliquée à évaluer du fait d'une grande variabilité d'un jour à l'autre. Enfin, et c'est la principale limite, le registre dont sont issus les participants, n'est pas représentatif de la population générale puisqu'ils ont participé sur la base du volontariat.
Objectif : moins de 5 grammes de sel par jour
Cette étude reste intéressante et conforte certaines tendances. "Nos résultats soutiennent l'idée que même une réduction modeste de l'apport en sodium est susceptible d'entraîner des bénéfices pour la santé," conclut Lu Qi. Depuis des années, l'Organisation mondiale de la santé préconise de réduire son apport en sel à moins de 5 grammes par jour, soit une petite cuillère à café. Or les aliments, charcuterie en tête sont très souvent salés, l'eau gazeuse apporte du sodium aussi.
Pour atteindre l'objectif fixé par l'OMS, des alternatives existent, avec les sels sans sodium ou allégés, les aromates, les herbes, les épices ou encore le gomasio japonais.
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