Pollution de l'air : le triste record de Gabès
A Gabès, dans le sud de la Tunisie, la pollution est devenue un problème quotidien. A tel point que de nombreux habitants souffrent aujourd'hui de maladies respiratoires.
La situation est inquiétante. Si la Tunisie est considérée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l'un des dix pays africains les plus pollués, Gabès semble en être le poumon. Cette ville du sud-est du pays souffre depuis 1972 de la présence d'une zone industrielle, dominée par Groupe chimique tunisien (GCT), une entreprise publique qui produit des engrais et de l’acide phosphorique. Tous les jours, la GCT déverse dans la mer plus de 10.000 tonnes du phosphogypse, une boue chargée en métaux lourds et dangereuse pour l'environnement. Mais ce n'est pas tout...
Chaque jour, de grosses fumées se dégagent du GCT. Composées de particules fines qui peuvent être responsables de pneumonies, d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) et même de cancer des poumons, ces fumées sont très (très) dangereuses. "Près de la moitié des patients que nous recevons aux urgences présentent des pathologies respiratoires", explique Moncef Larbi, médecin à l’hôpital Mohamed-Ben-Sassi et au centre de santé de base de Ghannouch à nos confrères du journal LeMonde Afrique. Avant de rajouter que "les enfants souffrent d’asthme très tôt et les cancers du poumon sont fréquents".
Un tueur silencieux
Alors que l'OMS estime que la pollution de l'air est à l'origine du décès de plus de 4,5 millions de personnes par an dans le monde, une étude récente, publiée par l'European Heart Journal, revoit ce chiffre à la hausse. Les auteurs de l'étude estiment ainsi que la mauvaise qualité de l'air est responsable, chaque année, de la mort de près de 9 millions de personnes, rien que ça !
Si aucune étude ne permet d'établir un lien entre l'explosion des maladies respiratoires à Gabès et la présence du GCT, la Commission européenne a publié une étude selon laquelle 95 % de la pollution de l'air de la région de Gabès est causée par les fumées du GCT.
Un premier pas des autorités
Malgré les manifestations des habitants et les protestations des associations, le CGT est encore là. Si le premier ministre, Youssef Chahed, a signé en 2017 un programme de démantèlement progressif des six unités de production existantes pour les remplacer par une zone industrielle aux normes internationales, rien n'a encore été fait.
Mais en signant ce programme, le chef du gouvernement reconnaît d'une certaine manière l'existence d'un danger dans ce complexe industriel. Maintenant, il ne reste plus qu'à attendre que les politiciens s'activent.
Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !