Greffe de rein : Où en est l’Afrique ?
Du Maroc au Cameroun, la collecte d’organes est compliquée dans les pays africains qui réalisent des transplantations rénales. Malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation, le nombre de malades en attente de greffe reste élevé.
C'est le seul espoir de guérison pour les malades en insuffisance rénale chronique terminale (IRCT). Pourtant, la greffe du rein n'est toujours pas accessible dans de nombreux pays d'Afrique. A ce jour, seulement une quinzaine de pays du continent réalisent actuellement des transplantations rénales : L’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya, l'Éthiopie, la Mauritanie, le Rwanda, le Soudan, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte. Le Cameroun s'est invité en 2021 dans ce cercle fermé et devrait, à son tour, tenter de multiplier les transplantations.
Même dans les pays africains où la transplantation rénale est possible, les opérations ne sont pas si nombreuses. Au Maroc, plus de 30.000 patients sous dialyse espèrent être transplantés. Ils sont au moins 6.000 en Algérie et 1.600 en Tunisie. Ce manque d'interventions s'explique, dans certains pays, par le manque de ressources humaines et l'absence d'infrastructures. Dans les autres, c'est le prix de l'intervention qui constitue le plus gros frein à la greffe, sans oublier les contraintes religieuses, culturelles et sociales ou encore le l'absence d'action gouvernementale.
Mais pourquoi on greffe des reins ?
L'insuffisance rénale se caractérise par l'altération du fonctionnement des reins, qui filtrent quotidiennement le sang et fabriquent une hormone, l'EPO, indispensable à la création des globules rouges. Des reins qui fonctionnent mal entraînent donc une chute du nombre de globules rouges et un risque d'anémie.
Et en Afrique, des centaines millions de personnes souffrent d'insuffisance rénale, parfois sans le savoir. Car au début de la maladie, les symptômes sont quasiment inexistants. L'insuffisance rénale progresse plus ou moins lentement, avec des paliers évolutifs de sévérité croissante, allant du stade 1 au stade 5. Le dernier stade est donc celui de l’insuffisance rénale terminale : le rein n’assure plus ses fonctions vitales et nécessite la mise en place d'un traitement de suppléance par dialyse ou transplantation rénale.
Lorsqu’elle est possible, la greffe rénale est la solution qui apporte la meilleure qualité de vie et la meilleure espérance de vie pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale au stade terminal (stade 5). C’est aussi la plus économique.
Le rein greffé peut être prélevé :
- sur une personne décédée, ce qui est le plus courant en Afrique
- mais également sur un donneur vivant. Le rein greffé peut être donné volontairement par une personne en bonne santé à un proche, selon les conditions définies par les lois de votre pays. Il est possible de vivre de façon tout à fait normale avec un seul rein. C’est le don de rein de son vivant.
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À chaque pays ses problèmes
L'insuffisance rénale terminale est un problème croissant de santé publique au Maghreb. Si les taux de transplantation sont particulièrement faibles en Afrique du nord, la situation diffère entre les pays. Si l'Algérie et le Maroc semblent à la traine face à la Tunisie, la culture du don d'organes n'est pas encore développé dans ces pays.
Même son de cloche en Afrique subsaharienne, où les besoins en soins de santé rénale et la suppléance rénale ne cessent d’augmenter. Mais l’accès à ces traitements reste limité du fait d’un manque réel de moyens pour la dialyse. Et dans la majorité des pays subsahariens, la maladie rénale chronique ne constitue pas une priorité des programmes de santé, elle est supplantée par des pathologies telles que le paludisme, le VIH/Sida et la tuberculose.
Alors que des dizaines de malades de patients attendent toujours leur opération, il est difficile de mesurer l’ampleur réelle des besoins non satisfaits en matière de transplantation rénale. Mais ce qui est sûr, c'est qu'une bonne partie de l'Afrique tombe aujourd'hui malade du trafic d'organes.
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