Lutter contre les maladies tropicales négligées, une urgence en Afrique
Très fréquentes sur le continent africain, les maladies tropicales négligées sont pourtant évitables et traitables. Si certains pays accentuent la lutte contre ces affections, la plupart d'entre eux manquent de financement.
Il y a urgence. Les maladies tropicales négligées (MTN) ne cessent de gagner du terrain en Afrique. On estime qu'elles affectent 600 millions de personnes sur le continent, et qu'au moins 79% des pays africains sont endémiques à au moins 5 MTN. Parmi celles-ci, figurent la filariose, plus connue sous le nom d’éléphantiasis, l’échinococcose ou "cécité des rivières", la schistosomiase ou bilharziose, ainsi que la trypanosomiase humaine africaine ou "maladie du sommeil".
La vingtaine de MTN répertoriées par l’OMS, qui affectent particulièrement les enfants, les femmes et les personnes âgées, sont responsables de plus de 500.000 cas de décès annuels. Faute d’être traitées à temps, ces maladies sont responsables de séquelles et handicaps irréversibles, tel que la cécité ou des troubles de la mobilité.
La feuille de route mondiale pour la période 2021-2030 vise à réduire de 90 % le nombre de personnes ayant besoin d’un traitement pour ces maladies, à ce qu’au moins cent pays éliminent au moins une maladie tropicale, à éradiquer deux maladies (le ver de Guinée et le pian), et à réduire les handicaps liés à ces maladies de 75 %.
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Une prise en charge compliquée
Si l'Afrique a pu réaliser d'énormes progrès, des défis existent. Difficultés dans la chaine d’approvisionnement avec des retards de distribution dus à la fourniture des médicaments mais aussi à l’acheminement dans les zones reculées, difficultés de stockage, baisse de fréquentation des hôpitaux… nombreuses sont les problématiques qui empêchent une bonne prise en charge. "Cela se répercute fortement sur la productivité et le développement de ces zones et communautés déjà touchées par la pauvreté", explique la Dre Diop Ly, conseillère principale en matière de santé publique et d’assainissement à l'ONG Speak Up Africa.
Les grands progrès réalisés entre 2015 et 2019 sont aussi mis à mal par les répercussions de la pandémie de Covid. D’après une récente étude de The Lancet, l’interruption des enquêtes communautaires, des recherches de cas et des campagnes de distribution de médicaments, ont eu une forte incidence sur le front des MTN. A tel point que de nombreux cas de décès indirects auraient été causés par la perturbation des activités sanitaires de routine. Mais les conséquences pourraient s’avérer plus importantes puisque les séquelles ne sont pas apparentes avant plusieurs années…
Malgré leur dangerosité, les maladies tropicales négligées ne font pas partie des priorités des services de santé. A l’inverse du paludisme ou du VIH, il n’existe pas de fonds mondial dédié avec des fonds pour la recherche qui pourraient aboutir à la création d’une offre vaccinale, jusqu’à présent inexistante par manque de moyens et d’intérêt des laboratoires. Difficiles à prévenir, ces maladies nécessitent un suivi et un mapping régulier des zones endémiques pour limiter leur diffusion.
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Source : Gavi, l'Alliance du Vaccin
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