Dr Serge Bruno Ebong : “Face à un symptôme de la bilharziose, les Camerounais ne consultent pas"

Alors que la bilharziose menace de nombreux Camerounais, le Dr Serge Bruno Ebong nous dresse un état des lieux.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Des jeunes qui nagent au Nyong, un fleuve du sud du Cameroun
Des jeunes qui nagent au Nyong, un fleuve du sud du Cameroun  —  The Taxi Photographer / Shutterstock

La schistosomiase encore appelée bilharziose est une maladie qui fait des ravages au Cameroun. Provoquée par des vers parasites qui se propagent dans les eaux stagnantes et les rivières, elle peut dans certains cas provoquer la mort. Cette maladie tropicale négligée se manifeste par des douleurs abdominales, de la diarrhée, du sang dans les selles ou bien du sang dans les urines. La bilharziose affecte plus de 200 millions de personnes dans le monde, dont 90% vivent en Afrique sub-saharienne. Pour savoir comment le Cameroun tente de maîtriser ce mal, on a échangé avec le Dr Serge Bruno Ebong, spécialiste en biologie moléculaire. Entretien. 

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Allo Docteurs Africa : Selon des statistiques récentes, la schistosomiase touche 2 millions de personnes Camerounais. Faut-il s’inquiéter ?   

Dr Serge Bruno Ebong: La prévalence actuelle de la schistosomiase est même sous-évaluée. Nous sommes dans un pays à contexte limité. Les gens n’ont pas la culture d’aller consulter quand le moindre symptôme se présente. Ce qui fait en sorte qu’il  y a beaucoup d’infections qui sont la plupart du temps, sous-diagnostiquées. Parmi ces infections, il y a notamment  la schistosomiase qui est connue sous le nom de bilharziose. L’infection chez l’être humain se produit quand les larves du parasite pénètrent dans la peau lors d’un contact avec de l’eau infestée. 

A.D.A : Qu'est-ce qui explique le nombre de cas élevé au Cameroun ? 

Dr. S.B.E : Il n'y a qu’à observer. Les tas d’immondices qui deviennent des pots de fleurs dans la ville de Douala et dans pratiquement tout le Cameroun. Regardez les conditions dans lesquelles les gens vivent avec les inondations. Nous avons beaucoup d’eaux souillées qui sont favorisent ce type d’infections.    

  "Au Cameroun, nous n'avons pas la culture des hôpitaux"

A.D.A : Comment lutte le Cameroun contre cette maladie ?

Dr. S.B.E : Au niveau de la délégation régionale de la santé publique du Littoral par exemple, il y a toute une cellule dédiée à la schistosomiase. Il y a un responsable des endémies qui assure la surveillance épidémiologique. En 2014, le ministère de la Santé a instauré des registres. Et depuis, dès qu’un patient présente les signes de la bilharziose, son infection est déclarée aux autorités. 

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  A.D.A : La lutte progresse donc dans le bon sens… 

Dr. S.B.E : Effectivement mais le véritable obstacle, c’est la population elle-même. Au Cameroun, nous n’avons pas la culture des hôpitaux. Une personne présente un certain nombre de symptômes, mais en première intention, elle ne se dirige jamais vers une formation sanitaire. On opte généralement pour des protocoles que l’on connaît soi-même, et on se retrouve à l’hôpital à un stade suffisamment avancé.

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