L'Afrique de l'Ouest ne veut plus être à la traîne dans la recherche scientifique
Bonne nouvelle, le réseau ouest-africain de lutte contre la tuberculose, le Sida et le paludisme (Wanetam) a décroché un financement de près de 3 milliards FCFA pour son mieux lutter contre les "grandes tueuses" sur le continent.
Un mal pour un bien ? La pandémie de Covid-19 a mis en exergue la faiblesse des systèmes de santé africains et l’incapacité d’apporter au niveau local des solutions scientifiques adéquates à cette maladie qui a fauché plus de 225.000 Africains. Comme le résumait si bien le Pr Yap Boum, représentant de Médecins Sans frontières (MSF) en Afrique, dans nos colonnes : "tout le monde veut la chloroquine, mais personne ne sait comment l'utiliser". La preuve, sur plus de 2000 articles publiés entre le début de la pandémie et septembre dernier, seuls 4% ont été rédigés par des chercheurs africains.
En même temps, le sida, le paludisme et d’autres maladies infectieuses tuent toujours des millions de personnes en Afrique. Une situation qui pourrait encore se détériorer à cause de l’alarmante augmentation de la résistance aux médicaments.
Pour mieux se protéger, il est évident que les pays africains doivent renforcer leurs compétences dans les domaines de la recherche scientifique et de l’innovation. Car à l'heure où le continent porte environ 20 % de la charge mondiale de morbidité, la production scientifique des 54 pays du continent représente à peine 1% à l’échelle mondiale. Et c'est ce qu'aimerait changer le Wanetam, le réseau ouest-africain de lutte contre la tuberculose, le Sida et le paludisme qui vient de bénéficier d'un nouveau financement d'environ 3 milliards de FCFA.
Un réseau "attractif"
Composé désormais de 30 institutions dont 25 issues de 12 pays d’Afrique de l’Ouest, ce réseau a réussi de beaux défis depuis sa création en 2009. Il a notamment été à l'origine de la mise en place d'un réseau de recherche incluant des partenaires francophones, anglophones et lusophones ou encore la publication d'articles dans des revues scientifiques réputées.
"Wanetam est devenu un réseau attractif et nous pouvons nous féliciter d’avoir réussi le pari de, non seulement briser les barrières linguistiques et culturelles pour consolider un réseau incluant des pays anglophones, francophones et lusophones, mais aussi et surtout d’avoir réhaussé le niveau de la recherche dans la sous-région" estime le Pr Souleymne Mboup, président de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef). Mais maintenant que les jalons sont posés, reste que tous les gouvernements africains doivent soutenir et financer la recherche scientifique. Plus que jamais.
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