En Afrique de l’Ouest, le Wanetam matérialise le "partenariat Sud-Sud"
A l'ombre du Covid-19, d'autres maladies continuent à faire des ravages en Afrique. Pour mieux les maitriser, le Réseau ouest-africain de lutte contre la tuberculose, le Sida et le paludisme (Wanetam) multiplie ses efforts.
Ils sont toujours là ! Loin du Covid-19, d'autres virus et maladies tuent en masse de nombreux Africains. Parmi ces derniers, on peut notamment citer le VIH, le virus du Sida, le paludisme ou encore Ebola. A l'heure où les différents pays du continent tentent de limiter la propagation du variant Omicron, ces "big killers" gagnent du terrain. La tuberculose et le paludisme ont fait beaucoup plus de victimes en 2020 que lors des précédentes années.
Heureusement, les initiatives se multiplient pour lancer la riposte. Parmi celles-ci, on peut notamment citer le Réseau ouest-africain de lutte contre la tuberculose, le Sida et le paludisme (Wanetam). Créé il y a douze ans, ce groupe d'experts veut renforcer les capacités nationales et régionales en matière de recherche clinique. Pour en savoir plus, on a échangé avec son coordinateur, le Pr Souleymane Mboup, qui est aussi le fondateur de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF) et le co-découvreur du VIH-2, une forme de VIH touchant essentiellement la population de l'Afrique de l'Ouest. Entretien avec un expert.
Allodocteurs.Africa : D'où est venue l'idée de la création du Wanetam ?
Pr Souleymane MBOUP : Le réseau Wanetam a vu le jour en 2009, avec 14 institutions de 7 pays représentant les zones anglophones, francophones et lusophones du continent. A l'époque, l’Union européenne (UE) s’était rendue compte qu’il y avait beaucoup de maladies liées à la pauvreté en Afrique. Face à cette situation, elle a décidé de lancer le programme EDCTP (European & Developing Countries Clinical Trials Partnership) avec l'objectif de réaliser des essais cliniques, trouver des médicaments et des vaccins et identifier des moyens de diagnostic.
Mais quand ce programme a été lancé, on s’est rendu compte qu’il y avait un déséquilibre en matière de recherche clinique. Car les premiers projets de ce programme avaient bénéficié beaucoup plus à l’Afrique du Sud et à l’Afrique de l’Est qu'au reste du continent. Ce qui a justifié la création de ce qu’on appelle des "réseaux d’excellence", à savoir quatre ‘’networks’’ (réseaux) en Afrique de l’ouest, en Afrique centrale mais également en Afrique de l’est et en Afrique du sud.
A.D.A : Vous venez de lancer la phase 3 du Wanetam. En quoi consiste ce projet ?
Les deux premières phases du Wanetam ont permis de faire pas mal de formations, de renforcement de capacités, mais aussi d'établir des partenariats avec des pays européens. Le Wanetam 3 permet une augmentation du consortium. Celui-ci s'établit aujourd'hui à 30 membres dont 25 institutions de l’Afrique de l’Ouest et 5 autres de l'Europe. Nous allons travailler ensemble avec un financement d’à peu près 4,7 millions d’euros pendant 3 ans.
A.D.A : Aujourd'hui, quels sont les défis du réseau ?
Pr S.M : Pour nous, il est important d’insister sur une collaboration nord-sud, mais surtout sur un partenariat sud-sud. Nous avons d'ailleurs pu montrer l'efficacité de cette stratégie à certaines institutions, en les renforçant.
Et si au départ, le Wanetam travaillait uniquement sur les thématiques
du sida, du paludisme et de la tuberculose, le réseau s'est rapidement intéressé à des maladies négligées. Aujourd'hui, on prend aussi en compte les maladies
émergentes et réémergentes comme Ebola et le Covid-19. D'ailleurs, la plupart des centres de référence sur le Covid-19 en Afrique de l’Ouest sont des centres nés grâce à notre réseau.
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