La psychose puerpérale : quand la mère perd pied après l'accouchement
La psychose puerpérale peut survenir dans les semaines suivant la naissance d'un bébé. Cette forme particulièrement grave de dépression post partum peut avoir de graves conséquences si elle n'est pas prise en charge. Allodocteurs Africa vous explique tout sur ce trouble mental qui toucherait 1 femme sur 1000.
Devenir mère est un véritable bouleversement ! Et si dans la majorité des cas, la transition entre grossesse et maternité se fait sans encombre, dans environ 15% des cas, l'accouchement peut s'accompagner d'un effondrement psychiatrique chez la jeune maman, avec des syndromes de dépression post partum : la psychose puerpérale en fait partie. C'est la forme la plus grave de dépression post partum et elle reste, heureusement, très rare. On parle d'environ 1 femme sur 1000 pour les premières grossesses d'après une étude de 1994, mais ce chiffre pourrait être largement supérieur dans les pays en voie de développement et concerner jusqu'à 15% des mères.
On ignore encore les causes de la psychose puerpérale, mais certains experts estiment que le stress, notamment au moment de l'accouchement peut jouer un rôle. Il y aurait aussi des facteurs de risque, comme des antécédents psychiatriques chez la mère ou dans sa famille, le fait que l'enfant ne soit pas désiré, un accouchement difficile ou bien une séparation pendant la grossesse... Autant d'éléments qui peuvent déboucher sur une perte de contrôle mental brutal après l'accouchement.
Une crise psychiatrique grave
La psychose puerpérale s'inscrit dans le cadre de la dépression post partum, lorsque la jeune maman ne parvient pas à trouver son "instinct maternel". Cet épisode psychotique est parfois présent pendant la grossesse mais les premiers signes sont alors très légers. C'est après l'accouchement que l'état de la maman se dégrade, brutalement et rapidement : la psychose se manifeste en général dans les 15 premiers jours ou le premier mois de vie du bébé et les symptômes se présentent en 3 grandes phases. Elle est amenée par un état de fatigue particulièrement intense, la maman dort mal, peut faire des cauchemars, elle n'arrive pas à récupérer et souffre donc d'autant plus du stress de la vie avec un nourrisson. Mais les premières semaines de vie d'un bébé étant généralement épuisantes, les premiers signes peuvent passer inaperçu.
La fatigue intense donne lieu à l'apparition d'un état de confusion, qui peut rappeler l'attitude d'un enfant : la maman est perdue, ne sait plus où elle est, l'heure ou le jour, elle peut avoir des troubles de la mémoire. Une forte anxiété liée au bébé apparaît, voire des signes de dépression. Les moments de confusions alternent avec des moments plus calmes, mais ces signes doivent vous alerter, car ils sont les derniers avant l'arrivée de la phase de délire. Lorsque la psychose s'installe, la mère peut souffrir d'hallucinations visuelles et auditives, souvent liées à son bébé : elle peut croire qu'il est mort, qu'il n'est pas son enfant, qu'il est le fils du diable... cette phase de la psychose est particulièrement dangereuse. Dans les cas les plus graves, le délire peut aboutir à un infanticide ou à un suicide.
Une prise en charge complexe
La prise en charge de la psychose puerpérale est complexe, car elle nécessite une hospitalisation en psychiatrie de la mère et dans l'idéal, un accompagnement dans une unité de soins mère-bébé. Or les services psychiatriques en Afrique sont rares et souvent surchargés. De plus, la méconnaissance des troubles psychiatriques au sein de la population peut compliquer la prise en charge : la mère souffrant de psychose peut être prise pour folle, ou victime d'un envoûtement. Il est très important de bien prendre en charge ces femmes et de les amener le plus vite possible à un médecin, qui pourra prescrire un suivi psychiatrique. Si vous remarquez des signes pouvant indiquer une psychose, il est très important d'apporter votre soutien à la maman et de l'encourager à aller voir un médecin au plus vite. Sans suivi, la psychose puerpérale peut devenir dangereuse pour la mère comme pour l'enfant.
Une piste préventive est de bien entourer la mère après l'accouchement ! Il faut l'aider à tisser le lien avec son bébé, à s'imprégner de son nouveau rôle de mère, particulièrement pour les femmes dont c'est le premier enfant. Il est important de les accompagner, d'écouter leurs angoisses, de les rassurer sur leur capacité à s'occuper de leur bébé et de ne pas partir du principe qu'une femme sait de façon innée comment s'occuper d'un enfant. Enfin, il faut s'assurez que la jeune maman peut se reposer et reprendre des forces ! Être mère n'a rien de simple, alors faites le maximum pour rendre ce défi unique plus facile à aborder.
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