Fini les piqûres ? Des scientifiques développent des vaccins sans aiguille contre la rougeole
Des scientifiques de l'entreprise américaine Micron Biomedical ont développé des patchs vaccinaux efficaces contre la rougeole et la rubéole.
Va-t-on bientôt dire adieu aux seringues ? C'est ce qu'on peut se demander, vu les premiers résultats prometteurs de patchs à appliquer directement sur la peau. Si les piqûres nous sauvent la vie depuis le 18e siècle, celles-ci pourraient bientôt disparaître. Développés par l'entreprise américaine Micron Biomedical, des vaccins sans aiguille sous forme de patchs pourraient révolutionner la lutte contre de nombreuses maladies.
Ce nouveau mode d’administration des vaccins est indolore, ne nécessite ni seringue ni aiguille, et n’a peut-être même pas besoin de faire appel à des professionnels de santé qualifiés. Pour évaluer l'impact de ce patch vaccinal, une étude a été réalisée en Gambie. Ces vaccins sans aiguille ont été testés face à la rougeole et la rubéole. Près de 300 personnes ont participé à cet essai de vaccination (120 enfants en bas âge, 120 nourrissons et 45 adultes). Et les résultats sont encourageants : les mêmes réponses immunitaires ont été obtenues, que le vaccin soit administré sous forme de patch ou par injection sous-cutanée, et plus de 90 % des parents dont les enfants ont participé à l'essai ont déclaré préférer les patchs comme mode d'administration des vaccins pour les enfants.
"Ces résultats passionnants montrent pour la première fois l’intérêt des patchs à microréseaux pour vacciner les enfants de manière sûre et efficace", estime le professeur Ed Clarke, chef de l'unité d’immunologie infantile au Medical Research Council (Gambie), qui a dirigé l'étude. Les résultats ont été présentés lors de la 7e conférence internationale sur les micro-aiguilles qui s'est tenue à Seattle (États-Unis) le 17 mai dernier.
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Mais c'est quoi ce patch vaccinal ?
Parsemés de pointes microscopiques qui délivrent le vaccin dans les couches supérieures de la peau, les patchs vaccinaux à microréseaux (microarray patch, MAP), également connus sous le nom de patchs à micro-aiguilles, sont constitués d’un ‘‘timbre’’ d’un centimètre de large à coller sur la peau, comme un petit pansement.
La face en contact avec la peau est parsemée de pointes microscopiques recouvertes de vaccin séché, qui transpercent sans douleur la couche la plus superficielle de la peau pour larguer le vaccin dans les couches supérieures (épiderme et derme). Quant aux effets secondaires les plus fréquemment signalés avec ce vaccin sans aiguille, on peut notamment citer une irritation, une rougeur ou des démangeaisons légères autour du site d’application du patch.
Ce nouveau mode de vaccination pourrait à l'avenir être proposé par votre médecin, puisque des essais de patchs vaccinaux contre le COVID-19, la grippe saisonnière et l'hépatite B sont actuellement en cours, tandis que d'autres patchs contre le VPH, la typhoïde et le rotavirus sont en train d'être développés.
Quel intérêt ?
Comme ils peuvent se conserver à température ambiante et s’administrer sans formation médicale, les patchs vaccinaux devraient permettre de surmonter bon nombre des obstacles logistiques qui entravent le déploiement des vaccins, et d’atteindre tout le monde, en Afrique et ailleurs, aussi rapidement que possible. Faciles à distribuer et administrer, ces vaccins pourraient aussi être déployés très rapidement en cas d'épidémie ou de pandémie.
"Avec un vaccin qui s’administre sans formation médicale, [et] se conserve à température ambiante, on devrait pouvoir atteindre les populations éloignées des centres de soins, vivant dans des régions ne disposant pas d’alimentation électrique ni de systèmes de réfrigération fiables, et réussir à vacciner un plus grand nombre d'enfants", explique le Professeur Mark Prausnitz, directeur du Centre pour la conception, le développement et l'administration des médicaments à l'Institut de technologie de Géorgie (USA).
Et puis, on ne va pas se mentir : personne n’aime se faire piquer avec une aiguille ou avoir à consoler un bébé qui hurle après avoir été vacciné - même si la plupart sont conscients des bénéfices de cette intervention pour leur santé. Alors, si les patchs vaccinaux s'avèrent vraiment aussi sûrs et efficaces que les vaccins injectables, qui pourrait vraiment regretter la disparition des seringues ?
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