Drogues : au Cameroun et au Gabon, de la répression à la prévention

Les deux pays font face aux effets du trafic de drogue et des substances psychotropes. Les politiques répressives menées jusque là n'ont pas fait leurs preuves. L'heure est aujourd'hui à la prévention sans stigmatisation.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Drogues : au Cameroun et au Gabon, de la répression à la prévention

De nouvelles méthodes. La stratégie de lutte contre la prolifération et la consommation des drogues change peu à peu dans certains pays d’Afrique centrale. Le Cameroun et le Gabon expérimentent une approche à la fois préventive et curative. 

À l’occasion de la journée mondiale contre l’abus et le trafic illicite des drogues, célébrée le 26 Juin 2023, les principaux acteurs de ce combat ont invité le gouvernement gabonais à “mettre l’accent sur la désintoxication plutôt que sur la répression et l’incarcération pour les infractions mineures liées à la drogue“. L’addictologue Alphonse Louma Eyougha également président fondateur de l’ONG Agir pour le Gabon, souhaite que dans le futur, les autorités de son pays obligent les policiers et les gendarmes à utiliser les ethylotests, alcootests et fassent des prises de sang pour chaque accident de la route. “La plupart de ces accidents qui endeuillent des centaines de familles chaque année sont causés par l'alcool ou la drogue au volant“, précise l'addictologue

Le médecin milite aussi pour la création de structures de traitement des addictions dans tous les centres hospitaliers universitaires du pays. Il y a trois ans, il a crée le premier centre de Réhabilitation et de traitement des addictions. Cette infrastructure a permis de soulager l’unique hôpital psychiatrique du pays (l’hôpital de Melen) dépourvu de moyens. Pour mener à bien cette mission, le Dr Alphonse Louma Eyougha insiste sur l'importance de former les professionnels de santé à l'addictologie. 

Au Cameroun, la prévention sans stigmatisation

Au Cameroun, la politique de prévention de lutte contre les drogues est déjà en route. De 2019 à 2022, les Centres de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) ont enregistré 946 nouveaux patients demandeurs de traitements. Le pourcentage de patients demandeurs de soins dans les zones en crise (extrême-nord, nord-ouest et sud-ouest) est passé de 22 % à 43 % entre 2019 et 2021.

Lors de la célébration de la 36ème édition de la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues, le Cameroun a réitéré son intention de privilégier la sensibilisation et le soutien aux toxicomanes. "Il s'agit d'attirer l'attention de tous sur l'impact négatif de la stigmatisation des personnes qui consomment les drogues et de leurs familles", a indiqué Malachie Manaouda, le ministre de la santé publique camerounais . 

Derrière le combat contre la consommation de drogues se cache une crainte : celle de voir le nombre de contaminations au VIH/SIDA et aux hépatites augmenter. "Nous devons renforcer les programmes de prévention de ces maladies et surtout apporter une assistance adéquate aux personnes concernées et aux plus vulnérables", a précisé Malachie Manaouda. Le comité en charge de la lutte contre les drogues a déjà mis en place des groupes de paroles destinés aux enfants de la rue, plus exposés au risque de consommation de drogues.

Cannabis et tramadol

Le pays souffre des conséquences du trafic de drogue. Et les premières victimes sont les jeunes. 60% des 20-25 ans consomment de la drogue. 25 % des camerounais ont déjà fait l’expérience d’une drogue dure.

Le Cameroun est considéré comme une plaque tournante importante du trafic de cannabis. C'est d'ailleurs la drogue la plus consommée dans le pays. Autre fléau : le tramadol. Utilisé dans le traitement de la douleur aiguë ou chronique, ce médicament dérivé de l'opium est détourné de son usage premier. Connu pour son pouvoir addictif, le tramadol fait des ravages au Cameroun. 

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