Au Maroc, des flows de rap contre le fléau de l'pouffa

Alors que l'pouffa (ou l'boufa) continue de se répandre dans tout le Royaume, des rappeurs marocains dénoncent l'usage de cette drogue.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
L'poufa, la nouvelle drogue qui sévit au Maroc
L'poufa, la nouvelle drogue qui sévit au Maroc

Appelée localement l'boufa ou l'pouffa, le crack résulte de la purification du chlorhydrate de cocaïne au moyen d’éther éthylique, de bicarbonate de soude ou plus généralement d’ammoniaque afin d’obtenir une "cocaïne basée" ou free-base sous forme de cristaux. Mais certains spécialistes estiment que l'poufa est coupée avec d'autres médicaments voire de l'héroïne, afin d'augmenter l'accoutumance. 

Lire aussi : L'poufa fait tousser le plan anti-drogue au Maroc

Apparue au Maroc au début des années 90, l'pouffa était essentiellement consommée au nord du pays. Mais ces dernières années, elle est devenue encore plus accessible. Moins chère et moins pure, cette drogue a séduit de nouveaux usagers pendant le confinement. Si bien qu'aujourd'hui, on en trouve dans différents quartiers de Casablanca, la capitale économique du Royaume chérifien. 

Des risques même lors des premières prises

Destiné à être fumé, ou inhalé au moyen d’une "pipe à crack" ou, de façon plus rudimentaire, dans des cannettes vides de bière ou de coca, le crack agit en l’espace d’une minute et provoque les mêmes effets que la cocaïne pour seulement 10 à 15 min. Chez les usagers, la sensation de flash et la descente sont à la base de comportements violents et d’une puissante dépendance. 

Dès la première prise et même à faible dose, l'poufa peut être à l'origine de nombreuses pathologies. Et en cas de consommation régulière, l'pouffa peut provoquer des hallucinations et entraîner des comportements paranoïaques voire suicidaires. Elle peut aussi être responsable de problèmes de tachycardie et d'une détresse respiratoire. 

Deux générations, deux discours

Face à cette situation, des artistes marocains déclarent au crack une guerre sans merci. C'est notamment le cas de Don Bigg, l'un des piliers de la scène rap marocaine. En août dernier, le MC a profité de son passage sur la scène du festival Fedala à Mohammedia pour se positionner contre l'pouffa (ou l'bouffa). Inquiet de la banalisation de la consommation du crack au Maroc, le père de famille a appelé les influenceurs et rappeurs à sensibiliser leurs "communautés" et "dénoncer ce fléau". 

Un autre artiste casablancais s'est récemment positionné contre cette drogue hautement addictive : l'irréductible Dollypran. Dans son dernier single L'mossiba ('Catastrophe", en français), le rappeur marocain dénonce la banalisation de l'usage de l'poufa ainsi que d'autres drogues. 

Mais si les MC confirmés tirent à boulets rouge sur le crack, ce n'est pas le cas de la scène émergente. "Jam3ana poufa semmina wlad l9af", ("C’est l’poufa qui nous rassemble, traite-nous de fils de p…"), lâche Bou9al sur les premières notes du morceau "Poufa". Sur le clip de ce dernier, celui qui est considéré comme l'une des étoiles montantes du rap local apparait en train de consommer la drogue avec une pipe artisanale. Comme si la jeunesse n'avait pas assez de mauvais exemples. 

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