Don d’organes: En Tunisie, les familles ont toujours leur mot à dire

Près de 76% des Tunisiens estiment qu’il est difficile de prendre la décision de s'opposer ou d'accepter le prélèvement d’organes d'un proche décédé, selon un sondage.

Kaoutar Adghirni
Rédigé le
De nombreuses familles tunisiennes refusent le prélèvement sur leur proche décédé
De nombreuses familles tunisiennes refusent le prélèvement sur leur proche décédé

Plus de 2.000 personnes sont inscrites dans la liste d’attente du Centre National pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO). Mais les chiffres pourraient être "bien plus importants", d’après Boutheina Zanad, chargée de la sensibilisation au don d’organes au CNPTO.      

À l’occasion de la Journée mondiale du don d’organes, la responsable a appelé les familles des personnes décédées ou en mort cérébrale "d’accepter le don d’organes pour sauver des vies en danger". Des campagnes de sensibilisation sont menées pour convaincre les citoyens de l’importance d’inscrire le mot "Donneur" sur leurs cartes d’identité. Car au moment du décès, cette mention permet d'envisager un prélèvement d'organes et de tissus par une équipe médicale, sans avoir à demander l’accord de la famille du défunt. Selon la loi tunisienne, les proches de la personne décédée (les enfants, le père, la mère, le conjoint, les frères et sœurs ainsi que le tuteur légal) ont la possibilité de s'opposer au prélèvement. 

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Forte opposition au prélèvement

Bien que la Tunisie ait été pionnière dans le domaine de la transplantation d’organes en Afrique, le nombre d’opération réalisés chaque année est loin d’assouvir une demande en plein essor. "Sur 300 à 500 cas de donneurs cadavériques potentiels, seuls une trentaine de cas sont identifiés et validés, soit 10 à 15 fois moins que prévu. Pire, sur cette trentaine nous n’en prélèverons que le quart (la famille s’opposera aux trois autres quarts)", explique  Hafedh Mestiri, professeur de médecine à l’Université de Tunis et ancien DG du CNPTO. 

Cette réticence des Tunisiens au prélèvement d’organes est due, selon une étude datée de 2017, à "la volonté de préserver le corps entier du défunt tel qu’il a été offert par Dieu". A ce frein religieux s’ajoute également une croyance infondée de l’existence d’un trafic d’organes. Toujours selon les sondages, 73% des Tunisiens estiment qu’il existe un trafic d’organes au niveau national. Comme quoi, la sensibilisation à l’importance du don d’organes est plus que jamais nécessaire.    

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