Comment sortir des préjugés sur l'autisme ?
À l'occasion de la Journée mondiale de l'autisme, le 2 avril dernier, focus sur cette maladie encore trop méconnue en Afrique.
Le 2 avril marque la Journée mondiale de l'autisme, un trouble envahissant du développement. Il se caractérise par une altération des interactions sociales, de la communication et du comportement. En Afrique plus qu'ailleurs, les personnes autistes restent confrontées à la discrimination et aux préjugés tenaces.
En effet, les niveaux de sensibilisation et d'acceptation varient considérablement d'un pays à l'autre. Pourtant, l'autisme est un trouble répandu. Au Sénégal, il concerne un enfant de moins de 4 ans sur 160, selon la Docteure Ndèye Awa Dièye, directrice des centres pédopsychiatriques de Thiaroye et de Diamniadio, qui cite une étude réalisée entre 2014 et 2016.
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Une prise en charge coûteuse
Pour autant, l'accès aux soins reste difficile. "Beaucoup de parents faisaient des allers-retours quotidiens entre Dakar et Diamniadio pour la prise en charge de leurs enfants. Ils me disaient très souvent que si un centre existait à Dakar, ce serait bénéfique pour les enfants’’, explique la Dre Dièye. Elle précise qu'"une séance chez un spécialiste vaut jusqu’à 25.000 FCFA et il faut plusieurs séances par semaine et des parents peuvent dépenser jusqu’à 600.000 FCA par mois entre les séances, l’école et le transport’’.
Au Mali voisin, l’autisme est reconnu comme un véritable problème de santé publique. Ces dernières années, des progrès considérables ont été réalisés en matière de sensibilisation et d'acceptation de l'autisme, notamment grâce aux nombreux défenseurs de l'autisme qui ont travaillé sans relâche pour faire connaître l'expérience vécue par les personnes autistes.
Des enfants considérés comme des "esprits maléfiques"
La méconnaissance de l’autisme conduit également dans certains pays africains à la stigmatisation des malades et à des accusations de sorcellerie. En Côte d'Ivoire par exemple, les enfants autistes sont souvent qualifiés d'"esprits maléfiques, enfants sorciers, possédés ou de réincarnations du diable", explique Dr Aboudramane Coulibaly, directeur exécutif de l'ONG Vivre Debout.
Pour lui, cette stigmatisation est "un problème d'ignorance ancré et il est difficile d'aller convaincre quelqu'un au village que l'enfant autiste n'est pas un possédé".
Les différents spécialistes convergent sur la nécessité d’une synergie pour sortir les autistes de l’isolement pour lever les incompréhensions sur la maladie tout en appelant les gouvernements à investir davantage sur l’édification de structures de prise en charge dédiées. Parce que "les troubles du spectre de l’autisme nécessitent une prise en charge multidisciplinaire", rappelle Serigne Abdoul Aziz Diop, psychomotricien au Centre de ressources autisme de Dakar, une "structure semi privée" mise sur pied en 2020 par la Dre Ndèye Awa Dièye.
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