Au Nigeria, la pauvreté se nourrit du coronavirus
Au Nigeria, la pauvreté se nourrit du coronavirus. Le nombre de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour pourrait augmenter de 7 millions de personnes cette année.
Le coronavirus n'est pas qu'une crise sanitaire. On le sait, partout dans le monde la pandémie a de lourdes répercussions économiques et le continent ne fait pas exception. Au Nigeria, le Covid-19 pousse les 200 millions d'habitants vers l'extrême pauvreté.
Le pays comptait déjà 88 millions de personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour. Il est, avec l'Inde, le pays qui compte le plus grand nombre de pauvres au monde. Selon les projections de la Banque mondiale, ils seront 7 millions de plus cette année.
"Juste de quoi manger"
La Banque mondiale estime que ces nouveaux pauvres sont plus urbains et plus éduqués : au Nigeria l'extrême pauvreté touche d'abord les zones rurales. Mais les citadins ont été particulièrement touchés par la pandémie et ses effets dévastateurs sur la première économie du continent. Particulièrement touchés par le confinement, qui a poussé de nombreux commerçants à la faillite, affirme le programme alimentaire mondial (PAM).
Toyin Jacob, commerçante de 60 ans, n'aurait jamais imaginé dépendre un jour de l'aide humanitaire. Mais en un an, avec le décès de son mari, puis le coronavirus et la crise économique qui a suivi, tout s'est effondré. Le confinement de cinq semaines décrété en avril a eu raison de son petit commerce et de ses maigres revenus. "Nous n'avons rien vendu, et après il n'y avait plus assez d'argent pour relancer l'activité", raconte Toyin Jacob, qui a commencé à vendre la plupart des biens de sa maison pour survivre.
1,5 millions de personnes dépendent de l'aide humanitaire
À Kano dans le nord, la deuxième ville du pays, le nombre de citadins souffrant de la faim a été multiplié par trois entre janvier et août 2020 pour atteindre 1,5 million de personnes. C'est pour répondre à cette détresse économique croissante dans les villes que l'agence onusienne, qui opérait alors uniquement dans les campagnes, a lancé en mai avec le gouvernement nigérian des distributions d'aide humanitaire à Lagos, Abuja (centre) et Kano, les principales mégapoles du pays.
Au cours de ces distributions, qui ont concerné 68.000 ménages à Lagos depuis octobre, les bénéficiaires reçoivent 37.000 nairas (76 euros), l'équivalent de deux mois de nourriture. Le Nigeria, qui commençait juste à sortir la tête de l'eau après 2016 et la chute des cours de l'or noir, dont dépend son économie, vient d'annoncer entrer en récession pour la deuxième fois en quatre ans. Avant même la pandémie, le taux de chômage des jeunes atteignait déjà les 40%. Partout dans Makoko, des numéros de téléphone écrits à la craie constellent les murs : "Cherche travail, 2.500 nairas la journée" - moins de 6 euros.
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