Vaccin contre le paludisme : pourquoi l'Afrique l'attend toujours
Contrairement à celui protégeant des formes graves du Covid-19, le vaccin contre le paludisme tarde à être approuvé par l'Organisation mondiale de la santé. De quoi provoquer l'impatience et l'incompréhension des populations les plus touchées par le malaria en Afrique.
Si les vaccins contre le Covid-19 nourrissent des espoirs de fin de pandémie, celui contre le paludisme est aussi très attendu par les populations africaines. Car l'écrasante majorité des victimes de cette maladie qui se transmet par les piqûres infectées de certains moustiques, - environ 400.000 décès par an - se trouve en Afrique, continent où l'on a enregistré moins de 150.000 décès des suites du Covid en un an de pandémie. Autant dire que pour les populations africaines touchées par le paludisme, l'heure est à l'urgence.
Mais depuis peu, un vaccin soulève l'espoir d'une avancée majeure dans la lutte contre ce mal qui tue principalement des enfants. Il s'agit du R21, un sérum contre le paludisme qui a démontré une efficacité de 77% lors d'essais réalisés au Burkina Faso. Une performance qui lui permet de dépasser l’objectif d’efficacité vaccinale de 75% fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et à l'heure où ces lignes sont écrites, ce vaccin est dans la phase 3 des essais qui concernent 4.800 enfants au Mali et au Burkina Faso. Cette piqûre prometteuse est aussi testée dans des pays comme le Kenya, le Malawi et le Ghana où la transmission du paludisme est fréquente toute l'année, et non pas seulement saisonnière.
Pourquoi l'OMS ne l'a pas encore validé
Si les vaccins contre le Covid-19 ont été rapidement approuvés par l'OMS, beaucoup d'Africains davantage victimes du paludisme s'impatientent. Mais pour le moment, les responsables des tests ont du mal à se mettre d'accord sur un calendrier. Certains d'entre eux veulent finir un an d'essais avant que le R21 puisse espérer une validation d'urgence de l'OMS pour une utilisation dans les pays qui font face à une forte morbidité du paludisme, tandis que d'autres préconisent des tests dans les régions où la transmission de ce mal est possible toute l'année.
"Il est important pour nous de voir si un tel vaccin, testé dans une zone comme Nanoro qui a une transmission à durée moyenne, va donner la même efficacité dans une zone comme Dandé où la transmission est beaucoup plus longue", explique le Pr burkinabé Halidou Tinto, directeur régional de l'IRSS à Nanoro et principal investigateur du projet, à nos confrères de SciDev. Espérons que le vaccin tant attendu sera facilement distribué sur le continent, contrairement à celui contre... le Covid-19.
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