Pr Samuel Honoré Mandengue : “L'impact des maladies cardiométaboliques est inestimable"
Le professeur de physiologie Samuel Honoré Mandengue a dirigé le comité scientifique des “journées scientifiques et médicales“ de la ville de Douala, consacrées aux maladies cardiométaboliques. Il nous explique comment reconnaître et prévenir ces troubles qui touchent le coeur et les vaisseaux.
L’université de Douala et l’université Jean Monnet de Saint-Etienne (France) viennent d’organiser les toutes premières “Journées scientifiques et médicales“ de la ville de Douala. Les multiples conférences scientifiques qui ont eu lieu les 19, 20 et 21 octobre tournaient autour d'un thème principal : le contrôle et la prévention des maladies cardiométaboliques. Le professeur Samuel Honoré Mandengue, qui enseigne la physiologie à l'université de Douala et qui présidait le comité scientifique de la rencontre de Douala, nous présente les maladies cardiométaboliques, ces maladies qui associent des troubles cardiovasculaires et des perturbations du métabolisme. Interview.
Allodocteurs.Africa : Qu’appelle-t-on "maladies cardiométaboliques" ?
Professeur Samuel Honoré Mandengue : Les maladies cardiométaboliques sont des maladies cardiovasculaires, qui attaquent le cœur et les vaisseaux sanguins, dont la cause est métabolique. Quand les maladies cardiovasculaires peuvent être dues à une hérédité, au tabac ou à l'alcool, les maladies cardiométaboliques sont elles dues à un trouble du métabolisme. Le métabolisme étant la manière dont notre corps transforme et stocke ce que nous mangeons chaque jour.
Prenons l'exemple du trouble de la gestion de la glycémie - le taux de glucose dans le sang - que vous connaissez sous le terme de diabète. Il va avoir un impact sur le cœur et les vaisseaux. Un autre exemple est l’obésité, qui correspond à un trouble du stockage des graisses. Ces graisses vont agir aussi au niveau du coeur et des vaisseaux sanguins.
L'impact de ces maladies est inestimable aujourd’hui. Depuis 2009, l’OMS a classé les maladies cardiovasculaires comme la première cause de mortalité et de morbidité dans le monde, devant le SIDA et le paludisme. Cela peut surprendre.
A.D.A. : Quel est le rapport entre le risque de développer une maladie cardiovasculaire et celui de développer un trouble métabolique, comme le diabète de type 2 ?
Pr S.H.M. : Le métabolisme est la manière dont notre corps transforme et stocke ce que nous mangeons. Si vous stockez mal les graisses, elles vont aller se déposer soit dans le cœur, soit dans les vaisseaux. C’est ce qu’on appelle l'athérosclérose, à l'origine le plus souvent d'une maladie cardiovasculaire : l'hypertension artérielle.
Vous pouvez aussi avoir un mauvais métabolisme du glucose, et cela peut entraîner un diabète de type 2. C’est l’une des comorbidités qui attaquent le plus le système cardiovasculaire. Ce qui fait que la pression artérielle, dont la limite est 140 millimètres de mercure sur 80, doit être plus basse chez une personne diabétique. Parce que l’hyperglycémie fragilise les parois de ses vaisseaux. C’est pour cela qu’un diabétique peut avoir des troubles de la vision qu’on appelle rétinopathie, des problèmes de rein (néphropathie), ou de nerfs. L’hyperglycémie attaque aussi le cœur. Elle peut même provoquer un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde.
A.D.A : Comment les nouvelles technologies peuvent aider à la prise en charge des maladies cardiométaboliques ?
Pr S.H.M. : Aujourd’hui, il y a plusieurs technologies qui permettent de diagnostiquer un peu plus rapidement ces maladies et de les prendre en charge. Par exemple, dans le cadre de notre collaboration avec l’université Jean Monnet de Saint-Etienne, nous utilisons le NeuroCoach, un appareil qui permet de détecter certaines de ces pathologies. Il suit le fonctionnement du cœur et des vaisseaux pendant que vous dormez et peut prédire si vous êtes prédisposé à une mort subite cardiaque la nuit, dont sont responsables certaines maladies cardiométaboliques.
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