Depuis le début du Covid, les Africains ont laissé tomber les soins dentaires
Relayée au second plan des urgences sanitaires, la santé bucco-dentaire connaît de très mauvais jours en Afrique. Pourtant, le risque ne se limite pas à une simple carie.
Durant les deux mois de confinement, les dentistes ont dû fermer leur cabinet. Outre la peur du dentiste, la crise sanitaire en a rebuté plus d’un. Selon une étude menée par le bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique, sur 35 des 47 pays membres, 90 % des pays ont connu une interruption totale ou partielle de leurs services de santé bucco-dentaire, lors de la première phase de pandémie (février à juillet 2020).
Lors de la seconde phase, d’août à septembre 2020, ce chiffre
baisse à 74 %. Si la situation épidémiologique a connu une légère amélioration,
ce sont les portefeuilles des patients qui n’ont plus été au rendez-vous, suite
à une longue période de chômage ou d’emploi partiel. Actuellement, la crise
économique qui résulte de cette période, ainsi que de la guerre en Ukraine,
continue d’éloigner les Africains des soins dentaires.
Une proximité qui inquiète
Outre les moyens, la proximité entre praticien et patient a
de quoi inquiéter. En effet, moins de 35 cm séparent généralement un dentiste
du malade. Certains médecins ont, de ce fait, profité de cette période pour se former sur
les risques de propagation du virus du Covid-19, et sur les moyens à mettre en
place pour éviter les risques de contamination.
C’est ainsi qu’un guide a, notamment, vu le jour au Maroc sur
les mesures de prévention de la contamination en pratique dentaire. Ce dernier
a été réalisé par une équipe d’enseignants-chercheurs de la faculté de
médecine dentaire de Casablanca sous la présidence du professeur Ihsane
Benyahya, actuelle présidente de la fédération dentaire internationale. Publié dans l'African Journal of Dentistry & Implantology, ce guide a pu conseiller les
praticiens du continent.
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Les risques sont multiples
Contacté par Allodocteurs.Africa, le Dr Mounir El Himdy, chirurgien
dentiste, confie que le risque ne se limite pas à une simple carie. "Selon une
hypothèse émise par une équipe de scientifiques anglais, sud-africains et
américains, le coronavirus pourrait atteindre les poumons en passant par la
circulation sanguine à partir des gencives. Cela expliquerait pourquoi certains
malades atteints de Covid-19 souffrent d’atteintes pulmonaires alors que d’autres
non. Le coronavirus profiterait d’une gencive affaiblie".
Le dentiste nous explique que toutefois ce risque n’est pas
le seul à prendre en considération. En absence de soins bucco-dentaires, les
lésions et inflammations dans la bouche sont des portes d’entrée pour ces
bactéries qui pénètrent dans le sang (bactériémie) et migrent jusqu’aux
organes : cœur, reins, poumons et autres, engendrant un processus
inflammatoire à distance de la cavité buccale.
Dentition et diabète
Les personnes atteintes de diabète connaissent bien le souci
dentaire. Ils traînent, en effet, une sécheresse buccale à longueur de journée
qui provoque une multiplication bactérienne responsable de caries dentaires, gingivite
et parodontite. "Associées aux retards de cicatrisation et si les traitements adéquats
ne sont pas réalisés, nous assistons à la destruction des tissus parodontaux et
la perte des dents. Ces infections bucco-dentaires provoquent un dérèglement de
la glycémie", explique le Dr El Himdy.
Afin de prévenir ces risques d’évolution, rien de plus
simple. Il faut tout d’abord veiller à une hygiène bucco-dentaire parfaite et
adaptée à chacun, incluant un brossage dentaire après chaque repas, ainsi que d’autres moyens complémentaires tel que le bain de bouche. Puis, un contrôle
clinique et radiographique, deux fois par an, qui permettra de réduire les
facteurs de risque, de diagnostiquer précocement les lésions et de les traiter
efficacement.
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