Pourquoi l'Afrique n'arrive toujours pas à retenir ses travailleurs de la santé ?
Une importante pénurie de travailleurs de la santé en Afrique compromet la fourniture et l’accès aux services de santé, bien que la majorité des pays aient consenti des efforts pour soutenir le personnel.
Ça se complique ! De l'Algérie à Madagascar en passant par le Sénégal et le Niger, presque tout le continent fait face à des pénuries chroniques de personnel.
Seulement 1,55 professionnel de la santé (médecins, infirmiers et sages-femmes) pour 1.000 personnes. C'est ce qui ressort d'une étude publiée il y a quelques jours dans la revue British Medical Journal Global Health.
Le ratio de travailleurs de la santé sur le continent africain est en dessous du seuil de densité défini par l’OMS à 4,45 professionnels pour 1.000 personnes afin d'assurer une couverture sanitaire universelle. Seuls quatre pays (Maurice, la Namibie, les Seychelles et l’Afrique du Sud) ont dépassé, à ce jour, le ratio personnel de santé/population fixé par l'agence onusienne
Mauvaise répartition
Le personnel de santé de la Région est aussi inégalement réparti d’un pays à l’autre, allant de 0,25 travailleur de la santé pour 1000 personnes au Niger (le ratio le plus bas de la Région) à 9,15 pour 1000 personnes au Seychelles – le ratio le plus élevé de la Région africaine de l'OMS qui ne comprend pas le Maroc, la Tunisie, la Lybie, l'Egypte, le Soudan, la Somalie et le Djibouti.
En 2018, il y avait environ 3,6 millions de professionnels de la santé dans les 47 pays étudiés. Il en ressort que 37 % d’entre eux sont des infirmiers(ères) ou des sages-femmes, 9% sont des médecins, 10% du personnel de laboratoire, 14% des agents de santé communautaires, 14% appartiennent à d’autres groupes de personnel de santé et 12 % sont des salariés de soutien ou administratifs.
"Une bataille difficile"
La pénurie de longue date de travailleurs de la santé en Afrique est due à plusieurs facteurs, parmi lesquels des capacités de formation insuffisantes, une croissance démographique rapide, la migration internationale, une faible gouvernance du personnel de santé, des changements de carrière, ainsi que des difficultés à retenir les travailleurs de la santé. On estime qu’il manquera 6,1 millions de professionnels de la santé en Afrique d’ici à 2030, une hausse de 45 % depuis 2013, date à laquelle les dernières estimations ont été réalisées.
"L’importante pénurie de professionnels de la santé en Afrique a des implications désastreuses. Sans un personnel adéquat et bien formé, répondre aux défis tels que la mortalité maternelle et infantile, les maladies infectieuses et les maladies non transmissibles, mais aussi la fourniture de services de santé essentiels comme la vaccination, reste une bataille difficile", estime la Dre Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Pour renforcer le système de santé de l’Afrique, il est crucial de répondre aux pénuries persistantes et à la mauvaise répartition du personnel de santé. Mais l’étude de l’OMS reconnaît que la résolution de la pénurie de personnel de santé reste difficile à cause de la complexité et de l’ampleur du problème.
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