Pochvid-20 : et si la pauvreté faisait plus mal que le coronavirus?
Au Burkina et au Rwanda, comme de nombreux pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, le COVID-19 frappe avant tout les plus faibles, les plus pauvres...
Le coeur serré et les “poches vides”. C’est ainsi que le coronavirus, alias Covid-19, a laissé nombre de nos frères et soeurs sur le continent, d’Abidjan à Casablanca, de Douala à Bangui, de Pointe-Noire à Alger. Mais c’est sans doute au Burkina que l’on a trouvé l’expression qui résume le mieux cette situation. “Les quelques jours de confinement partiel ont commencé à créer un autre virus plus dangereux que ceux qui ont encore le sens de l’humour, malgré la morosité économique et la gravité de la situation ont baptisé : POCHVID-20”, écrivent nos confrères du Wakat Séra, site d’information bien connu du pays.
Avec la même justesse, les journalistes burkinabés décrivent ceux qui, dans le pays, souffrent les premiers et décrivent leur quotidien. “Comme son nom l’indique, le Pochvid-20 a jeté le long des rues, les femmes qui sont sorties des grands marchés pour en créer de nouveaux, où les marchandages font fi de la distanciation sociale d’au moins un mètre préconisé et où le boucher, assailli par ses clients découpent la viande, la sert et encaisse son argent, le tout avec la même main ensanglantée qui va de la carcasse de bœuf à la poche et parfois au visage pour essuyer cette sueur bien agaçante”, écrivent-ils avant de conclure : “S’il faut exhorter chaque citoyen à faire des efforts pour éviter de se contaminer et surtout contaminer les autres en respectant les mesures barrières sur lesquelles il importe de sensibiliser à outrance, il importe davantage pour l’Etat d’instaurer des mesures d’accompagnement pour les secteurs les plus touchés. Covid-19 et Pochvid-20 se tiennent pour l’instant par la main, dans une solidarité inquiétante".
Au Rwanda aussi…
Plus à l’Est, c’est, à peu de chose près, la même litanie… Le très autoritaire Rwanda de Paul Kagame a été l'un des premiers pays africains à ordonner un confinement complet pour deux semaines, pour tenter d'enrayer la propagation du virus. Et, là encore, ce sont les plus pauvres qui en payent le prix le plus élevé.
"Pour nourrir ma famille, je ne dois pas manger moi-même", confie Regine Murengerantwari, une veuve et mère de quatre enfants de Kigali, qui n'a plus de revenus depuis que le gouvernement a décidé le 21 mars d'interdire tous les déplacements autres que pour s'approvisionner, aller chez le docteur ou à la banque. Habitante d'un bidonville de Kigali, Regine, 48 ans, ne sait pas comment sa famille parviendra à survivre à cette période noire. Elle louait deux pièces de sa maison, l'une à un coiffeur, l'autre à un moto-taxi. Mais quand ceux-ci ont perdu leurs clients, ils ont été incapables de payer leur loyer à Regine. "Je n'ai aucun revenu du tout et aucune idée de ce qui va se passer à l'avenir", dit-elle.
Le gouvernement a étendu un système d'aide aux plus défavorisés, délivrant de la nourriture à environ 20.000 personnes parmi les plus vulnérables. "C'était important pour moi, car ma famille n'a maintenant plus aucun revenu", observe Papias Gahungu, un moto-taxi qui a reçu quatre kilos de nourriture grâce à ce système. Mais les besoins sont immenses. Environ 40% des Rwandais vivent en-dessous du seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, et beaucoup, comme Regine, n'ont pas eu droit à cette aide.
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