Les violences contre les femmes, un effet secondaire du coronavirus au Sahel
D’après l’ONG "Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel" (JDFS), les violences envers les femmes tendent à augmenter avec la Covid-19. Elles payent le prix du confinement des populations.
La hausse des violences faites aux femmes, un effet secondaire du confinement ? C’est ce que démontre une étude de l’ONG Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel. Publiée le 19 juillet, elle prouve que les violences conjugales ont augmenté depuis le début de la crise du Covid-19 dans six pays sahéliens : le Mali, le Niger, le Tchad, le Sénégal, le Burkina Faso et la Mauritanie.
Dans ces pays, sur environ 1.000 femmes interrogées par l’ONG, plus d’une sur deux affirme avoir subi des violences physiques ou verbales depuis l’arrivée de l’épidémie. Très exactement 52 % des femmes s’en déclarent victimes contre 40% avant l’arrivée du Covid-19.
Le Covid menace l’action de l’aide internationale
À cause de la limitation des déplacements, beaucoup de femmes sont restées bloquées à leur domicile avec leur conjoint violent. Le stress favorisé par les tensions économiques en lien avec l'épidémie (Chômage, pauvreté…) a sans doute aussi nourri cette augmentation des violences.
Au Sahel, les femmes et les enfants sont, depuis longtemps, des victimes collatérales des violences engendrées par les conflits armés, le terrorisme et les changements climatiques. Les organisations humanitaires internationales étaient souvent mobilisées pour venir en aide à ces populations vulnérables. Elles craignent que la Covid-19 menace leurs actions.
Le Sénégal, mauvais élève
Pendant cette période de pandémie, le Sénégal serait le pays qui aurait subi la plus forte augmentation des violences faites aux femmes. “Il y a une recrudescence des violences au Sénégal qui est exacerbée par les tensions politiques, sociales et économiques”, confirme Fatou Touré Thiam, une des responsables du réseau Siggil Jigéen qui oeuvre pour la protection des femmes au Sénégal.
Sur 201 femmes et filles interrogées dans le pays, 193 indiquent avoir subi des violences conjugales - physiques ou morales - pendant l’épidémie soit 96% d’entre-elles ! Suivent le Tchad (80%), le Mali (54%), la Mauritanie (16,16%), le Burkina Faso (15,51%) et le Niger (14%). Même si les échantillons de femmes interrogées sont faibles et incitent à la prudence, ces chiffres témoignent de la détresse de nombreuses femmes sur notre continent. Il appartiendrait aux Etats de mener des enquêtes plus complètes.
Le poids des traditions
Dans cette région du monde, les femmes subissent bien souvent des violences depuis leur plus jeune âge. De trop nombreuses jeunes filles au Sahel font encore face à des mutilations, à du harcèlement sexuel, à des viols ou encore à des mariages précoces et/ou forcés.
En lançant l’alerte, l’ONG Justice et Dignité pour les Femmes du Sahel souhaite que son étude fasse prendre conscience aux Etats du quotidien des plus faibles. Elle souhaite aussi qu’ils réagissent en adoptant des dispositifs pour la protection des femmes et des enfants tant que durera cette épidémie. Il y a urgence.
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