Le blanchiment de peau, enfin reconnu comme un problème de santé publique ?
La dépigmentation volontaire de la peau est une pratique aussi dangereuse que répandue.
La dépigmentation volontaire (DV) - qui consiste à se blanchir la peau avec des produits “décapants "- ne cesse de se développer en Afrique. Cette pratique peut avoir des effets secondaires très dangereux : infection de la peau, acné sévère ou encore, des problèmes de cicatrisation. Elle peut même être un facteur de risque pour le diabète, l’hypertension artérielle et plusieurs autres pathologies à cause des médicaments utilisés pour la dépigmentation et qui sont détournés de leur usage médical.
Pourtant, le blanchiment de la peau -puisque c'est de ça qu'il s'agit- est devenu un phénomène de société dans de nombreux pays du continent. D’après le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dépigmentation volontaire fait aujourd’hui des ravages dans des pays tels que le Togo où 59% des femmes utilisent souvent des produits éclaircissants ! Suivent le Sénégal (27%) et le Mali (environ 25%, toujours selon l’OMS)...
Santé contre business juteux
Afin de combattre la croyance selon laquelle les peaux blanches seraient plus belles ou qu’elles seraient synonymes d’ascension sociale, plusieurs campagnes de sensibilisation ont été mises en place pour freiner le phénomène. Mais dans un continent où le marché du cosmétique est très peu réglementé, toutes les compagnies peuvent distribuer leurs produits en vente libre. Résultat, si les consommateurs les plus fortunés peuvent s’acheter des produits testés par des laboratoires, les moins aisés se contentent d’utiliser des produits pas chers et souvent encore plus dangereux.
Quels que soient la qualité de leur produit, le blanchiment de la peau est un business très juteux pour les marques de cosmétiques : des usines entières en Côte d’Ivoire, au Togo et au Nigéria fabriquent des produits blanchissants… Les dépenses mondiales liées à l’éclaircissement de la peau devraient même atteindre les 31,2 milliards de dollars d’ici 2024 d’après un rapport de la firme Global Industry Analysts. Et si l’OMS n’hésite pas à communiquer autour des dangers de la dépigmentation, elle n’a toujours pas reconnu cette pratique comme un véritable de santé publique. Pour l’institution internationale, les “consommatrices se mettent volontairement en danger” ! Comme si finalement, la solution était en nous : chacun doit apprendre à s’accepter et se faire accepter, personne ne le fera pour nous.
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