Journées mondiales de la schizophrénie : un trouble mental méconnu en Afrique
À l'occasion des Journées mondiales de la schizophrénie, AlloDocteurs Africa vous dit tout sur ce trouble mental qui reste encore aujourd'hui très mal pris en charge en Afrique.
23 millions. C'est le nombre de personnes atteintes de schizophrénie dans le monde. Et l'Afrique ne fait pas l'exception. À l'occasion des Journées mondiale de la schizophrénie, qui se déroulent du 13 au 20 mars, on revient sur cette pathologie souvent mal diagnostiquée et mal soignée en Afrique.
La schizophrénie est une psychose, c'est-à-dire un type de maladie mentale qui se caractérise par des déformations de la pensée, des perceptions, des émotions, du langage, du sentiment de soi et du comportement. Elle peut se manifester de différentes manières :
- Des hallucinations le plus souvent auditives mais pouvant toucher tous les sens
- Des délires, convictions fixes, fausses ou suspicions qui ne sont partagées par personne d’autre dans la culture du sujet et qui sont inébranlables malgré l’existence de preuves contraires
- Un comportement anormal : conduites irrationnelles, comme des déambulations sans but, des marmonnements ou des rires sans interlocuteurs, une apparence étrange, une négligence de soi, un aspect mal soigné...
- Un repli sur soi, contribuant à l'isolement des patients
- Une désorganisation de la parole : propos incohérents ou sans pertinence, sans lien avec la conversation en cours
- Des troubles des émotions : lenteur à réagir, passivité ou déconnexion entre les émotions indiquées et ce que l’on observe au niveau de l’expression faciale ou du langage corporel (le patient rit alors que son interlocuteur raconte une histoire triste par exemple)
Une pathologie handicapante
La schizophrénie a un très lourd impact sur la vie des malades, particulièrement si elle n'est pas diagnostiquée et traitée correctement. Les schizophrène qui ne reçoivent pas de soins peuvent décrocher complètement de la réalité, abandonner l'école ou leur travail, se mettre en danger lors de phases de délire ou d'hallucinations, oublier de se nourrir ou de s'habiller... Comme de nombreuses maladies mentales sur le continent, la schizophrénie est souvent interprétée comme le résultat d'un envoûtement. Les schizophrènes sont de ce fait victimes d'un très fort rejet de la société. La stigmatisation, les discriminations et les violations des droits fondamentaux des schizophrènes sont courantes.
Comme ils ne sont pas perçus comme des malades, ils ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin. Bien souvent ils sont mis à l'écart, attachés, abandonnés et les seuls "traitements" qu'on leur administre sont des potions et des prières. Leur état mental participe à la dégradation de leur santé physique. Le risque de mourir prématurément est 2 à 3 fois plus élevé pour les sujets atteints de schizophrénie. Les décès sont souvent dus au suicide ou à des maladies physiques, comme des affections cardiovasculaires, métaboliques ou infectieuses, qui ne sont pas prises en charge car le malade n'est pas à même de prendre soin de lui-même et n'obtient pas le suivi médical dont il pourrait avoir besoin.
Les soins psychiatriques, grand défaut de l'Afrique
Au delà des croyances et du manque d'informations qui peuvent nuire à la prise en charge des personnes atteintes de schizophrénie, l'Afrique est confronté au manque de reconnaissance et de ressources dans le domaine de la santé mentale. Le Gabon par exemple, ne compte qu'un seul hôpital psychiatrique. Les médecins spécialisés sont extrêmement rares et les malades difficiles d'accès car souvent cachés par leur famille. Et cette situation est valable pour bien d'autres pathologies : dépression, troubles bipolaire, épilepsie... autant de maladies qui ne sont pas bien traitées sur le continent.
Pourtant avec le bon diagnostic et des soins adaptés, il est possible de vivre avec la schizophrénie. Un traitement à base de neuroleptiques, des médicaments qui permettent de réguler l'humeur, les angoisses, de dissiper les hallucinations et la désorganisation de la pensée, améliore la qualité de vie des schizophrènes. Mais pour vraiment aller mieux, le malade a besoin d'une prise en charge globale qui inclut des médicaments mais aussi un suivi psychiatrique et le soutien de sa famille et de ses proches, qui ont un rôle essentiel à jouer dans le bon déroulement du traitement et de la réintégration de la personne malade à une vie normale.
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