En Algérie, l'exode massif des médecins vers l'étranger
Plusieurs médecins et spécialistes algériens font le choix de quitter leur pays pour exercer à l’étranger. Une tendance qui ne ravit pas les autorités sanitaires et les syndicats, à l'heure où le système de santé publique semble dépassé par l'épidémie de Covid-19.
"Nous constatons aujourd’hui un drame". C’est en substance les propos du Pr Rachid Belhadj, président du Syndicat nationale des enseignants chercheurs et hospitalo-universitaires (SNECHU) en Algérie, qui regrette les départs massifs des médecins algériens vers l'étranger. Il appelle à trouver des "solutions algériennes et réelles pour arrêter l’hémorragie de nos compétences médicales", à l'heure où le pays vit toujours à l'heure du coronavirus (Covid-19).
"Nos médecins généralistes et nos internes se préparent pour passer le concours en France. Aussi, nos meilleurs médecins spécialistes sont contactés avant la fin de leur formation pour être recrutés par des hôpitaux du Golfe, d’Allemagne ou encore du Canada", a-t-il déploré.
Manque de reconnaissance
Selon le chef de service de médecine légale au CHU Mustapha, Rachid Belhadj, ces départs des compétences médicales algériennes à l’étranger sont vécus comme une blessure, ajoutant que c’est la conséquence d’un "manque de reconnaissance" envers ces professionnels de la santé.
Les médecins se disent "lassés" par les promesses maintes fois ressassées par les différents gouvernements sans être respectées et honorées par les différents gouvernements consécutifs. La dégradation du niveau du système de santé algérien oblige même le médecin généraliste doit refaire ses études à partir de la 1ère année à l’étranger pour pouvoir y exercer, pointe le Pr Belhadj. Ce dernier estime que pour en finir avec cette hémorragie qui affaiblit un système de santé déjà délaissé, "Il faut d’abord valoriser les ressource humaines. Et qui dit ressources humaines ce ne sont pas uniquement les médecins, il y a aussi les gestionnaires de la santé. Il faut bien les former mais également bien les payer".
Pour freiner la fuite des cerveaux, plusieurs experts encouragent aussi le gouvernement algérien à consacrer une plus grosse part de son budget à la santé. Mais pour l'heure, la part des dépenses représentent un peu plus de 7% en Algérie. Un niveau bien inférieur de la moyenne mondiale qui avoisine les 10%. Il est donc grand temps que les pouvoirs publics s'engagent dans une revalorisation de ses médecins et une restructuration du système hospitalier. Plus que jamais.
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