En Afrique, la fraude sur l'âge continue malgré les IRM du poignet

À l'approche de la prochaine édition de la Coupe d'Afrique des nations des moins de 17 ans, tous les participants à la compétition doivent subir une imagerie par résonance magnétique (IRM) du poignet pour vérifier leur âge. Mais que vaut cette technique ?

Arnaud Ntchapda avec Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
En Afrique, la fraude sur l'âge continue malgré les IRM du poignet

Des IRM pour contrôler l'âge des joueurs. Depuis que la Fifa a décidé en 2017 d’effectuer des IRM du poignet dans ses compétitions impliquant les footballeurs de moins de 17 ans, cet examen médical s'est banalisé dans le monde du ballon rond. Malgré cela en Afrique, la fraude sur l'âge reste fréquente dans de nombreux pays. Ces dernières années, plusieurs footballeurs ont été épinglés. On peut notamment citer le Camerounais Joseph Minala et plus récemment, le Nigérian Silas Nwankwo. 

En janvier dernier, de nombreux joueurs camerounais ont d'ailleurs été exclus par leur fédération de l'UNIFFAC, un tournoi qualificatif pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations en Egypte, à cause de leur tricherie sur l'âge légal. En parallèle, la sélection du Tchad a été disqualifié par la Confédération africaine de football (CAF) pour une fraude confirmée sur l'âge. Pour le directeur de la West African Football Academy au Ghana, Karel Brokken, ce fléau concernerait "95% des joueurs africains". Car même si l'instance dirigeante du football continental effectue des examens IRM pour évaluer l’âge osseux des participants à certaines compétitions continentales réservées aux mineurs, ce test est rarement réalisé au sein des clubs du continent. Bien qu'il soit capable de déterminer si un joueur est âgé de moins de 17 ans, son coût élevé est un réel obstacle pour les clubs. 

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Un test remis en cause

La disqualification du Tchad de la prochaine Can U17 a fait couler beaucoup d'encre. La fédération tchadienne de football a d'ailleurs présenté une copie d'un test d'IRM osseux réalisé à Douala. "C’est écrit noir sur blanc qu’Ousmane Diallo est classé dans la catégorie 4. Donc éligible", estime Naïr Abakar, le vice-président du comité de normalisation de la fédération tchadienne de football (FTF). 

Un peu plus loin au Maroc, le staff médical des Lions de l'Atlas a réalisé des IRM osseux sur le groupe de U17 qui devait participer aux qualifications pour la prochaine Coupe d'Afrique des nations. 3 footballeurs ont soulevé un doute sur leur éligibilité. Même si leurs documents d'identité étaient corrects, les IRM révélaient une non-conformité entre leur âge administratif et leur âge physique. Résultat, les joueurs concernés ont été écartés de la sélection. Un mal pour un bien ? Pas si sûr...

Au-delà du football, cette technique est souvent décriée. En France, où le test osseux est réalisé pour établir l'âge des migrants, nombreux sont les professionnels de santé qui estiment que "des facteurs socio-économiques et nutritionnels peuvent modifier la croissance osseuse". La cheffe du service de radiologie pédiatrique de l'hôpital Bicêtre, Catherine Adamsbaum, expliquait à nos confrères du quotidien français Libération que "ces tests n'ont pas été créés pour déterminer l'âge d'une personne, mais seulement pour suivre la croissance des enfants". Avant d'ajouter qu'"un enfant qui ne mange pas à sa faim va avoir des carences, notamment en vitamines, et peut avoir un retard d'âge osseux par rapport à son âge civil". 

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