Dre Eugénie Nancy Ndangue Ntone : “La prise en charge du cancer du sein est individuelle"
Le cancer du sein est un problème de santé publique majeur en Afrique subsaharienne, qui touche de nombreuses habitantes de la région.
C'est le cancer le plus fréquent dans 28 pays du continent africain. Le cancer du sein frappe de plein fouet les Africaines. Le taux de mortalité par cancer du sein y est le plus élevé au monde. Chaque année, ce cancer tuerait près de 90.000 femmes sur le continent, dont au moins 75.000 en Afrique subsaharienne. Parmi ces dernières, la moitié ont moins de 50 ans. Pour en savoir plus sur les facteurs de risque de cette maladie, on a échangé avec la Dre Eugénie Nancy Ndangue Ntone, médecin-chef du service d’oncologie de l’hôpital Laquintinie de Douala. Entretien.
Allo Docteurs Africa : Que faut-il faire pour éviter le cancer du sein ?
Dre Eugénie Nancy
Ndangue Ntone : C’est un peu difficile de répondre à cette question. Déjà, on ne dit pas qu’il y
a une cause établie des cancers du sein. On parle le plus souvent de facteurs
de risques de cancer du sein :
- le facteur génétique
ou familial : lorsqu’on a un parent qui a eu un cancer, nous sommes plus
prédisposés à en développer que les personnes qui n’en ont pas dans leurs
familles.
- les facteurs hormonaux : ils
concernent généralement les jeunes femmes qui ont les premières menstrues très
tôt (avant l’âge de dix ans). Ce sont souvent celles qui ont une ménopause
tardive (après l’âge de 55 ans). Ce sont aussi les femmes qui ont utilisé des contraceptifs hormonaux qui sont aussi prédisposées.
- l'âge de la première grossesse (si celle-ci dépasse les 35 ans)
-les facteurs cliniques : l'hypertension, l'obésité, le diabète. Autant de pathologies qui fragilisent le système immunitaire et favorisent l'apparition d'un cancer du sein
- la consommation d'alcool et de tabac
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A.D.A : Quelle peut être l’importance du dépistage dans la prévention du cancer du sein ?
Dre E.N.N.N : C’est de la prévention secondaire, le dépistage. Dépister, c’est chercher des anomalies chez quelqu’un qui ne se plaint pas du tout. Chez les jeunes filles, on demandera de faire une autopalpation mammaire chaque mois. Soit quatre à cinq jours après les menstrues. Une jeune fille doit connaître ses seins, se placer devant le miroir, regarder, palper ses seins. S’il y a une petite anomalie, elle pourra rapidement consulter. A partir de 40 ans, il s’agit de faire une mammographie tous les deux ans pour rechercher les stigmates qui pourraient nous faire penser à un cancer du sein. Une femme ménopausée, qui n’a plus de contraintes de menstrues, doit faire son autopalpation une fois par mois et une mammographie tous les deux ans.
A.D.A : Comment vous traitez les personnes atteintes du cancer du sein ?
Dre E.N.N.N : Pour proposer une prise en charge adéquate, on a besoin de beaucoup de choses. On a besoin de voir la malade, le résultat d’examen qui confirme le cancer du sein dans lequel on recherche beaucoup de paramètres. Ceux-ci vont nous permettre de savoir de quel type de cancer il est question exactement. La patiente devra nous présenter aussi un bilan d’extension. Ensuite, il y a le scanner qui permet de mesurer la progression de la maladie, si elle s’est limitée au sein ou si d’autres organes ont été touchés. C’est en fonction de cela qu’on pourra établir un plan thérapeutique pour la malade et trancher entre une opération ou une chimiothérapie. La prise en charge est individuelle.
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