Au sud du Sénégal, la difficile prise en charge des victimes de mines

Le conflit en Casamance a eu des conséquences douloureuses sur les populations et a causé des milliers de victimes de mines depuis 1988. Le Centre régional d’appareillage orthopédique (Crao) de Ziguinchor tente de soulager les victimes.

Barou Dembélé
Rédigé le
Fabrication de prothèses orthopédiques au Centre de réhabilitation moteur de Bissau
Fabrication de prothèses orthopédiques au Centre de réhabilitation moteur de Bissau  —  BY NC ND / CICR / Lazar Sagna

Soigner les victimes de guerres. C'est le défi du Centre régional d’appareillage orthopédique (Crao). Dans la région de Casamance, il y a encore de nombreuses mines et des restes explosifs de guerre qui jonchent les champs et les forêts. Ces engins sont attrayants, de tailles, de forme, et de couleurs différentes. Malheureusement, ils ont déjà mutilé et tué de nombreuses personnes, dont des enfants.

Et aujourd'hui encore, le nombre de personnes exposées au danger des mines et des munitions non explosées est très important. Pour faire face à cette situation, le Centre régional d’appareillage orthopédique (Crao) contribue aux efforts pour alléger la souffrance des victimes. Situé dans la ville de Ziguinchor, frontalière avec la Guinée-Bissau et la Gambie, le centre a déjà pu traiter plus de 860 victimes de mines, en une trentaine d'années d'existence. 

 "Nous faisons presque tout. Cela fait au moins 20 ans que je travaille dans ce centre. Pour les séquelles de la poliomyélite et les amputés, nous leur confectionnons des prothèses. Ceux qui souffrent des problèmes de rachis du dos reçoivent des corsets, etc. Nous aidons même ceux qui ont une différence au niveau des deux membres inférieurs en apportant une compensation au niveau de la chaussure pour équilibrer la personne. Donc, nous confectionnons plusieurs sortes d’appareils", explique  Dénaba Ndiaye, technicien orthoprothésiste. 

Manque de moyens

Mais le CRAO manque cruellement de moyens. Pour mieux prendre en charge les victimes et leur fournir des prothèses facilitant leur mobilité, le centre souhaite être appuyé par les autorités. "Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les populations qui sont dans le besoin. Mais nous travaillons difficilement. La fabrication des appareils obéit à de nouvelles techniques et nous avons du mal à suivre ces exigences liées à cette nouvelle technologie. Il appartient au gouvernement, avec ses partenaires, de nous donner des moyens, en relevant le plateau technique de ce centre d’appareillage’’, regrette Dénaba Ndiaye. 

Avec l'appui du Comité international de la Croix Rouge (CICR) et la Croix-Rouge sénégalaise (CRS), le Sénégal tente de sensibiliser les populations locales au danger des mines. Mais pour l'heure, rien n'est prévu pour le CRAO. Au grand dam du personnel soignant et des nombreuses victimes de mines et de munitions non explosées. 

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