Au Maroc, l'affaire Meriem relance le débat sur la légalisation de l'avortement
Après la mort d’une adolescente marocaine suite à un avortement clandestin, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) se retrouve au centre de l'attention au Royaume chérifien.
L'affaire de trop ? Dans la nuit du 6 au 7 septembre, Meriem, jeune fille de 14 ans, est décédée des suites d’un avortement clandestin pratiqué au domicile de son violeur, à 15 kilomètres de Midelt. Une tragédie qui a poussé des dizaines de militantes féministes à manifester, ce 28 septembre à Rabat, pour réclamer la révision des lois criminalisant l'avortement au Royaume. Une date particulièrement symbolique puisqu'elle est marquée par la Journée mondiale pour le droit à l'IVG.
"L'avortement est un des droits de la femme", "la loi m'a tué", "l'IVG est un soin médical", "respectez mon choix". Devant le parlement de la capitale, les manifestantes ont brandi des pancartes dénonçant la loi "liberticide" qui sanctionne l'avortement.
"Il est primordial de revoir ces lois infondées. Avoir un enfant devrait être un choix !", a affirmé Sarah Benmoussa, une militante. "Nous sommes présentes aujourd'hui car nos voix comptent pour faire bouger les choses. Tout être humain doit disposer de son corps. Les lois doivent être réformées et la société suivra !", a ajouté Khaoula, une étudiante en journalisme de 23 ans qui participait pour la première fois à une manifestation.
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800 avortements clandestins par jour
La loi marocaine punit l'IVG de six mois à cinq ans de prison sauf quand la santé de la mère est en danger. De 600 à 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon les associations militant pour sa légalisation.
"On demande la dépénalisation de l'avortement depuis déjà une dizaine d'années. On renouvelle cette revendication aujourd'hui. Le législateur est responsable de cette situation et de la violence et difficultés qu'endurent les femmes", a expliqué Fouzia Yassine, du "Printemps de la dignité", une coalition d'associations féministes marocaines.
Le Maroc s'était engagé en 2015 dans un débat approfondie sur "l'urgence" d'un assouplissement de sa législation face au fléau des centaines d'avortements clandestins pratiqués chaque jour, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses. Une commission officielle avait même dans la foulée recommandé que l'avortement devienne autorisé dans "certains cas de force majeure", notamment en cas de viol ou de graves malformations du foetus. Mais aucune loi n'est depuis venue entériner ces recommandations ardemment soutenues par les activistes des droits des femmes. Jusqu'à quand ?
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