Facebook, WhatsApp… quand la vente d'un médicament abortif, au Maroc, migre vers les réseaux sociaux
Alors que la vente de l'Artotec, un médicament abortif, est interdite depuis 2018 au Maroc, de nombreuses personnes utilisent de plus en plus les messageries et les applications mobiles pour vendre ces pilules à une clientèle de proximité.
Dans la guerre contre les médicaments illicites, un autre front semble se mettre en place. Au Maroc, là où l'avortement est puni par la loi d'une peine de prison ferme, jusqu'à 800 interruptions de grossesse sont pratiquées illégalement chaque jour, selon l’Association marocaine contre l’avortement clandestin (Amlac).
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Dans un pays où l'interruption volontaire de la grossesse n'est autorisé qu'en cas de menace pour la santé de la femme, avec l’accord de son conjoint, la plupart de ces avortements clandestins sont réalisés dans quelques cabinets de gynécologie. Mais certaines Marocaines continuent de recourir à un médicament abortif, l'Artotec. Détourné de son usage, cet anti-inflammatoire est initialement destiné à traiter les problèmes articulaires et le rhumatisme. Alors qu'il était commercialisé sans ordonnance dans les pharmacies du Royaume, ce médicament a été interdit à la vente en 2018 par les autorités marocaines. Mais depuis, il continue à être proposé sous le manteau, à des prix exorbitants.
Avorter à tout prix
A l'heure où ces lignes sont écrites, de nombreux Marocains utilisent les applications mobiles et les réseaux sociaux pour promouvoir leurs stocks d'Artotec et prendre contact avec leurs clients. Ce phénomène a commencé dès l'interdiction de vente de cet anti-inflammatoire. Mais l’apparition de la pandémie de Covid-19 a visiblement accentué le mouvement.
Chaque jour, des annonces promettant la vente de boites d'Artotec fleurissent, ici et là, sur Facebook ou encore WhatsApp. A tel point que la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) multiplie les appels au ministère de la Santé pour engager des poursuites contre des individus qui s'adonnent à ce commerce illicite. Et même si les arrestations pour avortement clandestin sont encore fréquentes sur le sol marocain, l'espoir existe : en juin dernier, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a déposé au Parlement une proposition de loi qui autoriserait les femme majeures atteintes de troubles mentaux ou si leur fœtus est en danger à avorter, dans un délai de 90 jours. Encore faut-il que ce projet de loi soit (enfin) adopté.
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