Coronavirus Covid-19 : l'Afrique est-elle protégée par son climat ?
Depuis le début de l'épidémie du nouveau coronavirus, le très faible nombre de cas confirmés sur le sol africain interpelle les scientifiques. Alors que certains pensent que le climat sauve l'Afrique, d'autres ont peur que le système de détection du Covid-19 ne soit pas efficace.
Le continent est en alerte ! L’Afrique, qui espérait être épargnée par la maladie à coronavirus Covid-19, est à son tour officiellement touchée depuis que l'Egypte, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal et le Nigéria ont enregistré leurs premiers cas. C'est une goutte d'eau dans l'océan des 92.000 cas et 3.200 morts recensés dans une soixantaine de pays, pour l'essentiel en Chine, où le premier foyer de l'épidémie est apparu dans la ville de Wuhan, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dans un continent où les systèmes de santé sont très fragiles, le très faible nombre de cas de coronavirus détectés n'en finit pas d'interroger voire d'inquiéter les experts. Car si les cas suspects semblent se multiplier sur le sol africain, l'épidémie du nouveau coronavirus ne semble pas jusque-là se développer significativement sur le continent. Pour le moment, seuls 27 cas ont été enregistrés sur le sol africain.
Facteur climatique ?
"Personne ne sait", avoue le Pr Thumbi Ndung'u, de l'Institut africain de recherche sur la santé à Durban (Afrique du Sud). Avant de rajouter que "peut-être n'y a-t-il simplement pas tant de déplacements entre l'Afrique et la Chine", à l'heure où Ethiopian Airlines, la plus importante compagnie aérienne africaine, n'a jamais suspendu ses liaisons avec la Chine depuis le début de l'épidémie. Et China Southern vient, de son côté, de reprendre ses vols avec le Kenya.
Alors certains avancent la piste d'une possible protection climatique. "Peut-être que le virus ne pousse pas dans l'écosystème africain, on ne sait pas", esquisse le Pr Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat à Paris. Mais cette hypothèse est rejetée par Pr Rodney Adam, de l'hôpital universitaire Aga Khan de Nairobi (Kenya). "Nous n'avons aucune preuve d'une quelconque influence du climat sur la transmission (du virus)", assure-t-il.
Même son de cloche du côté de Pierre-Marie Girard de l’Institut Pasteur. Lors d'une interview accordée au quotidien français Libération, il a expliqué que "le climat tropical n’est pas un frein puissant à la réplication des coronavirus même si une saisonnalité partielle est probable comme pour la plupart des virus respiratoires". Avant de rajouter qu'il serait absurde de "parier sur la protection climatique en Afrique ou le contrôle spontanée de l’épidémie lors de la fin de l’hiver".
Détection défaillante ?
D'autres sont tentés d'attribuer le faible nombre de cas confirmés de coronavirus à de possibles ratés des systèmes de détection déployés dans les pays du continent. "C'est vrai qu'il y a certains pays, certaines régions dont on n'est pas certain de la capacité, ne serait-ce que par faute de ressources, à mettre en oeuvre les modalités de diagnostic", dit le Dr Daniel Lévy-Bruhl, de l'agence sanitaire française Santé publique France.
Même si le nombre de pays africains disposant de laboratoires capables d'identifier le Covid-19 est passé en quelques semaines de deux (Afrique du Sud et Sénégal) à 29, la plupart des pays du continent "ne seraient pas capables de traiter des cas sévères nécessitant des soins intensifs", rappelle le Dr Yao, en charge des plans d'urgence pour l'OMS à Brazzaville (Congo).
Mais plutôt que d'envisager un scénario catastrophe, les spécialistes préfèrent se satisfaire de leur bonne fortune actuelle."Il est difficile de dire pourquoi" si peu de cas ont été recensés jusque-là en Afrique, souligne le Pr Thumbi Ndung'u, "peut-être nous avons simplement de la chance".
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