Avant le vaccin contre le Covid-19, deux siècles de défiance vaccinale
De la variole à la polio, en passant par la rage, la grippe et le ROR, les vaccins ont toujours suscité craintes et défiance. Retour sur plus de deux siècles de progrès et de suspicions.
Les campagnes de vaccination démarrent un an à peine après l'émergence du covid-19. Une rapidité inédite qui suscite de l'espoir mais nourrit aussi la méfiance qui a toujours existé à l'égard des vaccins. Tout commence en 1796 quand le Dr Edward Jennera l'idée d'inoculer une forme de variole bénigne, la vaccine, sur un enfant pour en stimuler la réaction immunitaire. Le procédé fonctionne : la "vaccination" est née.
En 1853, le vaccin contre la variole devient obligatoire pour les enfants au Royaume-Uni, ce qui suscite une opposition virulente. Les adversaires invoquent le danger d'injecter des produits issus d'animaux, des motifs religieux ou l'atteinte aux libertés individuelles. Une clause de conscience est introduite dans la loi britannique dès 1898 pour permettre aux récalcitrants de se soustraire aux vaccins.
Pasteur et la "rage de laboratoire"
A la fin du 19e siècle, c’est au tour de Louis Pasteur de se pencher sur les vaccins. Il met au point un vaccin contre la rage à partir d'une souche atténuée du virus. Là aussi le procédé suscite la méfiance : Pasteur est accusé de vouloir faire des profits en fabricant une "rage de laboratoire".
Au 20e siècle, le développement des vaccins s’emballe. Après la typhoïde, les années 1920 voient apparaître des vaccins contre la tuberculose, la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Au même moment, les laboratoires commencent à utiliser les sels d'aluminium pour accroître l'efficacité des vaccins. Ce sera par la suite une source de suspicions de la part des anti-vaccins, surtout en France.
Vaccin anti-grippe et Guillain-Barré
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la première campagne de vaccination contre la grippe a lieu pour protéger les soldats américains venus combattre en Europe. Mais cette campagne "se termine, en 1976, par un désastre", rappelle à l'AFP l'historien des sciences Laurent-Henri Vignaud. La recrudescence parmi les vaccinés de syndromes de Guillain-Barré, maladie rare du système nerveux, "conduit à l'arrêt des injections".
En 1998, une étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet suggère un lien entre la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l'autisme. L'étude s'avère être un "trucage" de l'auteur, le Dr Andrew Wakefield. Mais ni le démenti officiel de la revue, ni les travaux postérieurs démontrant l'absence de lien, ne parviendront à taire les craintes. Cette étude est encore régulièrement citée par les opposants aux vaccins.
La polio résiste en Asie
Officiellement éradiquée d'Afrique depuis août 2020 grâce au vaccin, la poliomyélite fait de la résistance en Asie. Cette maladie, qui se traduit par des paralysies chez les jeunes enfants, y reste endémique. L'échec des campagnes de vaccination dans ces régions s’explique notamment par la méfiance des populations rurales et la croyance en des théories du complot. Et l'Afrique aussi doit rester vigilante et poursuivre ses efforts pour maintenir son taux de couverture vaccinale et empêcher un retour en force de la polio.
Aujourd’hui, ce sont les vaccins contre le Covid-19 qui posent questions et suscitent des inquiétudes. Les craintes reposent principalement sur la rapidité avec laquelle ils ont été développés et sur les vaccins à ARN messager de Pfizer et de Moderna, une technologie innovante mais qui n’a encore jamais été utilisée. Certains craignent aussi des campagnes de stérilisation des femmes ou pire, un génocide contre les Noirs par le biais du vaccin ! L'OMS tente de calmer les inquiétudes et rappelle que les vaccins sont soumis à de très nombreux tests pour assurer un minimum d'effets secondaires.
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