Les faux médicaments, un vrai fléau sanitaire

En Afrique, le commerce de faux médicaments est responsable de plus de 100 000 décès par an. Aucun pays n'est à l'abri, même si l'Afrique de l'Ouest est la région la plus touchée par ce trafic.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Le business de faux médicaments tue, chaque année , plusieurs centaines de milliers d'Africains
Le business de faux médicaments tue, chaque année , plusieurs centaines de milliers d'Africains

Un médicament sur dix vendus dans le monde est un faux... C'est  l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui le dit. En Afrique, dans certains pays, on parle plutôt de sept médicaments sur dix ! Cela signifie que les patients prennent le plus souvent des médicaments qui ne peuvent ni traiter ni prévenir la maladie. Les faux médicaments, que l'OMS définit comme des "produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiée", seraient même à l'origine de 100 000 décès par an sur le continent. 

Rien qu'en janvier 2017, 113 millions de faux médicaments ont été saisis par l'Organisation mondiale des douanes (OMD) et l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) dans plusieurs ports africains, dont notamment ceux du Nigéria, du Bénin, du Kenya et du Togo. En 4 opérations de l'OMD et l'IRACM, près de 900 millions de produits pharmaceutiques contrefaits et falsifiés ont été saisis dans les grands ports maritimes du continent. Malheureusement, parmi les médicaments découverts par les douaniers, se trouvaient une majorité de traitements de première nécessité : antipaludéens, antibiotiques et des médicaments gastro-intestinaux. Combien d'enfants risquent leurs vie avec de tels produits?

Qui est à l'origine de ce fléau ? 

Si la plupart des faux médicaments arrive par bateau depuis la Chine et l’Inde, la production locale n'est pas à négliger. Des faux médicaments sont ainsi fabriqués au sein même de nos frontières. Et le marché informel, qui est plus connu sous le nom de "pharmacie par terre", facilite le trafic. Car les médicaments qui sont vendus sur les marchés, par des marchands ambulants ou dans des magasins d'alimentation échappent à tout contrôle. Depuis 2013, date de la création d'un système mondial de surveillance et de suivi des faux médicaments par l’OMS, 42 % des signalements proviennent d’Afrique de l'Ouest, 21 % des Amériques et 21 % de la région européenne. Et ce n'est sans doute que la partie émergée de l’iceberg...

Au niveau continental, le Nigéria, le Bénin, le Burkina Faso, le Togo, la Gambie, la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Sénégal semblent être les pays les plus touchés par ce fléau. Mais en 2018, plusieurs de ces pays, dont notamment le Gabon, le Sénégal, la Gambie, le Togo et la Côte d'Ivoire, ont signé avec le Maroc, "la résolution de Rabat" qui engage les signataires à renforcer leurs efforts en matière de lutte contre les faux médicaments. Il faut dire que le Maroc s'est imposé comme une sorte de leader continental dans la lutte contre les produits pharmaceutiques falsifiés ou contrefaits. Grâce à un système de distribution verrouillé et une réglementation assez stricte, le pays est à l’abri de cette "industrie de la falsification". De quoi inspirer ces voisins d'Afrique de l'Ouest...

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