VIH : Moderna lance un essai clinique pour un vaccin à ARN messager
La technologie ARN messager est une avancée majeure dans la lutte contre le VIH. Mais pour qu'un vaccin voit le jour, il faudra encore patienter.
Après le Covid-19, le VIH ! Moderna vient de lancer un essai clinique de phase 1 sur les humains, pour tester son vaccin contre le VIH, le virus responsable du SIDA. Ce vaccin utilise la technologie de l'ARN messager, étudiée depuis des années et dont l'utilisation a été accélérée par la pandémie de Covid-19.
Cet essai sur les humains n'en est qu'à son début : lancée le 19 août, il ne concerne pour l'instant qu'un tout petit échantillon de population. Seulement 58 personnes, âgée de 18 à 50 ans, vont recevoir ce vaccin. Pour le moment il s'agit de tester son efficacité, en s'assurant qu'il entraîne bien une réponse immunitaire, et de vérifier qu'il est sans danger et ne provoque pas d'effet secondaires graves. Cette première phase devrait durer jusqu'à mai 2023, et en fonction des résultats, les phases 2 et 3 pourront être étendues à un échantillon plus large.
L'ARN messager, une solution miracle ?
La technologie de l'ARN messager était à l'étude depuis des années. Les scientifiques nourrissent de nombreux espoirs pour son utilisation. Et la lutte contre le VIH/SIDA en fait partie. Les vaccins ont pour but de créer une réponse immunitaire que le corps gardera en mémoire pour pouvoir lutter contre une infection. Mettre au point un vaccin contre le VIH est particulièrement compliqué, notamment en raison de la capacité du virus à muter. À ce jour, on a identifié pas moins de 16 variants du VIH ! Mais heureusement, l'ARN messager s'adapte facilement aux mutations.
L'essai lancé par Moderna concentre tous les espoirs de la communauté scientifique, après que Johnson & Johnson ait annoncé qu'il mettait un terme à son propre essai. "Le développement d'un vaccin sûr et efficace pour empêcher l'infection au VIH s'est révélé être un redoutable défi scientifique", a déploré Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAD) américain, qui a en partie financé ces essais. Mais les tests menés dans 5 pays d'Afrique sub-saharienne depuis 2017 viennent d'être stoppés, faute de résultats concluants.
Echec de l'essai Johnson & Johnson
L'essai, nommé Imbokodo incluait environ 2.600 jeunes femmes entre 18 et 35 ans au Malawi, Mozambique, Zambie, Afrique du Sud et Zimbabwe. Les femmes et jeunes filles représentaient 63% des nouvelles infections en 2020 dans cette région. Certaines participantes ont reçu quatre injections du vaccin sur une période d'un an, et d'autres un placebo. Au bout de deux ans après la première injection, 51 des 1.079 participantes ayant reçu le vaccin avaient contracté le VIH, contre 63 des 1.109 participantes ayant reçu un placebo.
Même si le vaccin a été bien toléré, son efficacité n'était donc que de 25%. "Au vu de ces résultats, l'essai Imbokodo ne continuera pas", a donc déclaré J&J. "Si nous sommes déçus que le vaccin candidat n'ait pas fourni un niveau suffisant de protection contre l'infection au VIH, cette étude nous donne des résultats scientifiques importants pour la poursuite de la quête d'un vaccin", a souligné Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson and Johnson. Un autre essai, nommé Mosaico, teste un vaccin à la composition différente sur une autre population, des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ou personnes transgenres, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et en Europe, où d'autres souches du VIH circulent. Cet essai va se poursuivre et devrait rendre ses conclusions en mars 2024.
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