La difficile prise en charge de la maladie d’Alzheimer dans les pays nord-africains

La maladie d’Alzheimer touche environ 400.000 personnes en Afrique du Nord. Comment est prise en charge cette maladie neurodégénérative au Maroc, en Algérie et en Tunisie ? On vous dit tout.

Kaoutar Adghirni
Rédigé le , mis à jour le
Les familles des malades d'Alzheimer ont souvent besoin d'aide
Les familles des malades d'Alzheimer ont souvent besoin d'aide

La maladie d’Alzheimer touche environ 200.000 personnes au Maroc. Elle concerne aussi 100.000 Algériens et 80.000 Tunisiens. Des chiffres qui pourraient encore augmenter, vu la transition démographique et le vieillissement de la population nord-africaine. On estime que cette maladie neurodégénérative concerne, au total, plus de 3 millions d'Africains. 

Troubles de la mémoire, difficulté à se repérer dans le temps et l'espace, perte progressive du langage et de l'autonomie... tous ces symptômes sont caractéristiques des maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer. Mais quand les premiers signes de la maladie d'Alzheimer apparaissent, le processus est déjà à l'œuvre depuis plusieurs années. Alors, comment est prise en charge cette maladie ?

Des familles dépassées par une maladie incurable

Actuellement, il n'existe pas de traitement pour guérir la maladie d'Alzheimer. Les seuls traitements disponibles à ce jour visent à réduire les symptômes neurologiques. Et que ce soit au Maroc, en Algérie et en Tunisie, les structures étatiques dédiées à la prise en charge d’Alzheimer sont encore rares. Résultat, les familles des malades se retrouvent dans l'impasse. "Beaucoup ont renoncé à une vie professionnelle ou mis de côté leur vie familiale pour pouvoir s’occuper du malade, d’autant plus que cette tâche revient souvent à un seul membre de la famille, qui en porte à lui seul la responsabilité" déplore Mohamed Bourragat, vice-président de l’association Espoir Maroc Alzheimer.   

Même son de cloche en Tunisie où Leila Alouane, présidente de l’Association Alzheimer Tunisie, rappelle que "de nombreuses études montrent à quel point les aidants payent leur dévouement, sur le plan personnel, en devant renoncer à des projets importants ou en sacrifiant leur vie sociale, mais surtout au plan de leur santé physique et morale". 

Pourtant, les familles des malades ont souvent besoin d'aide. Il peut s'agir de groupes de parole ou d'aides concrètes comme la prise en charge du patient durant la journée dans une structure spécialisée.

Lire aussi Alzheimer, l'urgence de la formation des aidants

Une prise en charge gratuite

Mais l'espoir existe : chez les trois voisins du Maghreb, les gouvernements semblent avoir pris conscience de l'importance de créer des structures dédiées à cette maladie. Au Maroc, la wilaya de Casablanca a récemment inauguré une "Maison Solidarité Alzheimer", dont l'objectif est de garantir une prise en charge médicale, sociale, préventive et thérapeutique des patients. 

En Algérie, c’est l’unité de traitement de l'Alzheimer du CHU Franz-Fanon à la ville de Blida qui accueille, chaque mois, une vingtaine de nouveaux cas. Créée en 2017, l’unité adopte un "protocole thérapeutique qui permet éviter une dégradation de leur état, tout en les aidant à s’adapter avec leur nouveau mode de vie" explique Souhila Amalou, neurologue spécialisée dans la maladie d’Alzheimer au CHU Franz-Fanon.      

Sur le sol tunisien, plusieurs centres  spécialisés dans la prise en charge quotidienne des personnes atteintes d’Alzheimer ont récemment vu le jour. Mais toutes ces structures relèvent du privé. Seule l'association Alzheimer Tunisie apporte gratuitement un soutien aux familles des personnes atteintes  pour leur faciliter la vie au quotidien.  

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !