Jean-Jacques Muyembe Tamfum : le Congolais qui lutte contre Ebola depuis 40 ans

C'est lui qui a découvert la maladie à virus Ebola dans une région reculée du Zaïre, il y a plus de 40 ans. Depuis, le Dr Muyembe lutte sans relâche pour vaincre cette terrible fièvre hémorragique.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Le professeur Jean Jacques Muyembe est virologue et directeur de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa
Le professeur Jean Jacques Muyembe est virologue et directeur de l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa  —  Creative Commons

Ebola vaincue ? C'est en tout cas ce qu'a affirmé le professeur congolais Jean-Jacques Muyembe Tamfum lors d'une cérémonie organisée à l'Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa. Le virologue de 79 ans, directeur général de l'INRB, saluait l'arrivée sur le marché du traitement "Ebanga", approuvé en décembre dernier par l'Agence américaine des médicaments (FDA). 

Cet anticorps monoclonal est "la molécule congolaise" qui vient s'ajouter aux moyen de prévenir et de soigner Ebola. Une nouvelle avancée dans la lutte contre cette fièvre hémorragique mortelle qui fait dire au professeur Muyembe "je suis le plus heureux des Congolais". Pendant 40 ans, il a été témoin et acteur de la lutte contre Ebola. "Je peux dire aujourd'hui : elle est vaincue, elle est évitable et guérissable"

Prélèvements à mains nues

L'histoire commence en 1976, quand le professeur Muyembe, épidémiologiste de terrain, est appelé dans le village de Yambuku, dans le nord de la République démocratique du Congo, qui s'appelait alors Zaïre. Une maladie mystérieuse vient de faire son apparition dans la région. Le professeur fait un prélèvement sur une religieuse malade, et l'expédie en Belgique. C'est là que le Dr Peter Piot isole pour la première fois le virus, baptisé Ebola du nom d'une rivière proche de Yambuku.

"À l'époque, je faisais les prélèvements à mains nues, avec le sang qui coulait...", raconte le professeur Muyembe dans son laboratoire. Aujourd'hui, le virologue est équipé de gants, blouse, bottes et d'une charlotte pour se protéger de la maladie, qui se transmet par contact avec les fluides corporels infectés. 

Progrès dans la gestion épidémique

Après 1976, la maladie ne fait plus parler d'elle pendant 19 ans. Mais en 1995, une épidémie de "diarrhée rouge" se déclare à Kikwit, ville de 400.000 habitants dans l'ouest du pays. Le professeur a alors l'idée de traiter 8 malades par transfusion de sang de convalescent. Sept ont survécu. L'échantillon n'était pas représentatif, mais l'idée de faire bénéficier les malades des anticorps des guéris a germé dans sa tête. Une idée qui débouche aujourd'hui sur la mise au point d'Ebanga. 

Depuis la découverte du virus, la réponse des autorités de santé s'est perfectionnée. En cas d'apparition de la maladie, "on interrompt la chaîne de transmission, on vaccine 'par ceinture', c'est-à-dire autour d'un cas positif, et on traite les malades'", explique le professeur Muyembe. "Si l'épidémie est déclarée à temps, elle peut être terminée en une semaine", assure-t-il. 

Depuis son apparition, le virus Ebola a fait plus de 15.000 morts. Les principaux symptômes sont des fièvres, vomissements, saignements et diarrhées. La plus grande épidémie a frappé l'Afrique de l'Ouest entre 2013 et 2016 et fait au moins 11.000 morts. La dernière flambée épidémique en RDC a duré 3 mois et remonte à février dernier. Grâce à une réponse rapide des autorités et une vaccination massive, la maladie n'a causé la mort que de 6 personnes.  

Source : AFP

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