Coronavirus : En Guinée, "les consultations quotidiennes ont chuté de façon spectaculaire"
Depuis l'apparition du coronavirus (Covid-19), les Guinéens se rendent moins chez le médecin, qu'il s'agisse de consultations chez un généraliste ou un spécialiste. Une situation qui s'explique par la peur d'attraper le virus.
La situation est inquiétante. Des dizaines de lits vides dans une salle habituellement pleine, des couloirs déserts qui autrefois débordaient d'activité, telle est la situation du service de cardiologie de l'hôpital universitaire national Ignace Deen à Conakry, le deuxième plus grand hôpital du pays. Le département a connu une forte baisse du nombre de ses patients depuis l'apparition de la Covid-19 sur le sol guinéen.
"Les consultations quotidiennes ont chuté de façon spectaculaire. Au cours du dernier semestre 2019, nous recevions en moyenne 4 200 patients par mois, mais depuis que la maladie a éclaté, nous avions une moyenne de 200 patients jusqu'en juin", explique le Pr. Mamady Condé, qui dirige le service depuis 25 ans.
Dans les quatre coins de la Guinée, l'utilisation des services de santé par la population a généralement diminué avec la pandémie. "Comme ce fut le cas lors de l'épidémie d'Ebola, l'utilisation des services a diminué. Ce constat est évident et tous les responsables des structures l'ont constaté. La peur d'attraper la maladie et la méfiance sont quelques-unes des raisons de cette situation", explique le directeur national adjoint des établissements hospitaliers et de soins, Dr Ahmed Tidiane Barry.
"Les services essentiels ont été maintenus"
Néanmoins, Dr Barry se réjouit du fait qu'en dépit des baisses importantes, les services essentiels ont été maintenus depuis le début de la pandémie. "Il y a eu une baisse significative de l'activité des services, tant en termes de fréquentation des patients que d'admissions, mais les services n'ont pas été interrompus. Nous ne pouvons pas permettre que des personnes meurent d'autres maladies et conditions sanitaires à cause de la Covid-19".
Face à cette situation, le personnel médical a dû s'adapter pour que les populations ne désertent pas les hôpitaux et soient encouragées à recourir aux soins appropriés. Les services ont mis en place diverses mesures pour rassurer les patients : mise en place de stations de lavage des mains à l'entrée de tous les bâtiments, réorganisation des bancs et des chaises pour assurer une distance physique, distribution de formulaires de surveillance pour enregistrer tout cas éventuel de contamination au coronavirus et assurer un suivi et une traçabilité adéquats.
"Nous avons instauré un respect strict des mesures de prévention et de contrôle des infections par le personnel à tous les niveaux. Les stagiaires ont été mis en congé et nous avons instauré un service minimum efficace grâce à des rotations quotidiennes du personnel. Ces mesures ont permis de rassurer le public sur la sécurité des conditions de traitement et sur le fait qu'ils ne seront pas infectés par la Covid-19 en venant se faire soigner", explique Pr Condé.
"Les chiffres augmentent progressivement"
Les efforts déployés portent leurs fruits et le service du Pr Condé reçoit davantage de patients. "La fréquentation s'est améliorée, notamment en ce qui concerne les consultations externes. D'une moyenne de 200 patients il y a quelques mois, les chiffres augmentent progressivement, et nous avons atteint 500 en septembre".
Pour encourager les citoyens à se faire soigner, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a soutenu l'élaboration d'un plan national de continuité actuellement mis en œuvre. "Ce plan vient compléter le plan d'intervention national et donne la priorité au maintien de services de qualité dans tout le pays notamment en protégeant, motivant et renforçant les capacités des travailleurs de santé de première ligne", précise le représentant de l'OMS en Guinée, Pr. Georges Alfred Ki-Zerbo. Le plan intègre la surveillance sentinelle de la grippe à travers des équipements et des tests de diagnostic, ainsi que les capacités d'éradication de la polio.
"La leçon que nous tirons est que notre système de santé doit être organisé de manière à ce que nous puissions toujours disposer du minimum pour soigner la population et ne pas attendre que des épidémies apparaissent", conclut Dr Barry.
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