Confrontés à la pénurie de médicaments, les malades algériens du cancer entre inquiétude et incompréhension
Les Algériens atteints de cancer sont régulièrement confrontés à une pénurie de traitements.
C'est un fléau silencieux mais meurtrier. Depuis quelques années, en Algérie, de nombreux médicaments contre le cancer viennent à manquer. En plus de menacer la santé des patients, ces pénuries récurrentes les plongent dans un océan d'incertitudes. "Jamais le service d'oncologie médicale du CPMC n'a connu une telle rupture de médicaments, et ce, depuis septembre 2020, dénoncée par les oncopédiatres et qui perdure à ce jour, et nous sommes en juin 2022", a récemment confié le Pr Kamel Bouzid, le président de la Société algérienne d'oncologie médicale et chef de service d’oncologie du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), à nos confrères d'El Watan.
Face à cette situation, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) est sortie de son silence. Son directeur général, Ali Aoun, a annoncé l'acquisition de 100 médicaments contre le cancer sur les 126 habituels. Avant de préciser que les autres devraient être reçus en ce début juillet. Mais est-ce suffisant pour éviter une nouvelle rupture d'approvisionnement ? Pas si sûr...
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Des perturbations dues à la pandémie, vraiment ?
La pandémie de Covid l’a confirmé : en matière de médicaments, l'Algérie dépend dangereusement des fabricants étrangers – la Chine et l'Inde en tête –, et s’expose donc à des pénuries. Des problèmes d’approvisionnement qui concernent d'autres médicaments, mais aussi des produits médicaux. Et ce n'est pas Ali Aoun qui infirmera ces propos. Il estime que la PCH a enregistré plusieurs pénuries "induites par les effets de la pandémie du Covid-19 et les perturbations au niveau de certaines usines mondiales de production de ces médicaments à forte demande".
Mais selon le Pr Bouzid, le problème est ailleurs. Il estime que les nombreuses ruptures médicaments peuvent s'expliquer par "la multiplicité des intervenants. Nous avions un intervenant, qui est le ministère de la Santé, maintenant, nous en avons trois, voire quatre, qui se rejettent mutuellement la balle alors que des patients et les prescripteurs sont livrés à eux-mêmes".
En 2020, plus de 300 médicaments étaient en tension ou en rupture d’approvisionnement sur le sol algérien. Pour en finir avec ces pénuries à répétition, cinq nouvelles unités de production de médicaments anticancéreux viennent d'entrer en service. De nouvelles structures qui devraient permettre à l'Algérie de produire localement un grand nombre de médicaments anticancéreux et, par conséquent, de réduire drastiquement la facture des importations. Mais ça, c'est le ministre de l’Industrie pharmaceutique, le Dr Abdelrahmane Djamel Lotfi bin Bahamed, qui le dit.
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