Covid : à l'heure de la 3ème dose, l'Afrique manque toujours de vaccins
Les pays riches s'organisent pour offrir une 3e dose de vaccin contre le Covid-19 à leurs habitans. Mais sur le continent africain, bon nombre de pays n'ont toujours pas assez de vaccins pour protéger leurs populations.
L'OMS se désole. L'Organisation mondiale de la santé dénonce la ruée des pays riches vers la 3e dose de vaccin contre le Covid-19. À ses yeux, il n'y a, à ce jour, pas de preuve de la nécessité d'un rappel dès maintenant. "Nous pensons clairement que les données actuelles n'indiquent pas que les rappels sont nécessaires", explique la scientifique en chef de l'OMS, Soumya Swaminathan. Pour elle, il faut "attendre que la science nous dise quand ces rappels sont nécessaires, quels groupes de personnes et quels vaccins ont besoin de rappels".
Mais le manque de preuve scientifique n'est pas la seule raison de la colère de l'OMS. D'un point de vue "moral et éthique", il n'est également pas bon à ses yeux que les pays riches injectent la 3e dose "quand le reste du monde attend sa première injection". Injecter une 3e dose maintenant revient à "distribuer des gilets de sauvetage supplémentaires à des personnes qui en ont déjà un, pendant que nous laissons d'autres personnes se noyer sans le moindre gilet de sauvetage", déplore Mike Ryan, le directeur des urgences de l'OMS.
Défiance des pays riches
Mais peu après ces déclarations, les États-Unis ont annoncé une campagne de rappel des vaccins anti-Covid de Pfizer et de Moderna dès la fin septembre. Les autorités sanitaires du pays s'inquiétent de la baisse de la protection immunitaire conférée par les vaccins avec le temps. Cette campagne de rappel reste toutefois suspendue à l'autorisation d'une dose supplémentaire par l'Agence américaine des médicaments (FDA). Et les États-Unis ne sont pas les seuls à ignorer les appels de l'OMS. Israël a déjà lancé une campagne en faveur d'une troisième dose de vaccin pour les personnes les plus âgées, malgré la demande de l'Organisation pour un moratoire sur cette pratique.
Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé les dirigeants à regarder au-delà "d'objectifs nationalistes étroits." Il s'est dit "stupéfait" par les informations selon lesquelles "les vaccins de J&J assemblés et conditionnés en Afrique du Sud quittent le continent et vont en Europe", et a réclamé à ce laboratoire américain de donner de toute urgence la priorité à l'Afrique. Mais les pays riches ignorent depuis des mois les appels de l'OMS à mettre fin à l'inégalité d'accès aux vaccins. Et malgré les promesses, ils n'ont pas l'air de vouloir changer de stratégie dans les mois à venir.
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