Coronavirus en Afrique : l'oubli des maladies mentales
Selon une enquête de l'OMS, le coronavirus (Covid-19) freine les services cruciaux de santé mentale en Afrique.
Ils sont peut-être les malades les plus stigmatisés du continent ! Dans certains pays africains, les personnes qui souffrent de maladies mentales sont considérées comme ensorcelés. Et depuis l'apparition du coronavirus (Covid-19) en Afrique, la situation ne cesse de s'aggraver.
"La pandémie de Covid-19 a montré, plus que jamais, à quel point la santé mentale fait partie intégrante de la santé et du bien-être et doit être un élément essentiel des services de santé lors des épidémies et des situations d'urgence", explique la Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.
Des déficits de financement majeurs
Bien qu'il existe peu de données sur la manière dont le nouveau coronavirus aggrave les problèmes de santé mentale sur le continent africain, une étude réalisée en Afrique du Sud a révélé que 10 à 20 % des 220 personnes interrogées ont déclaré avoir vécu de fortes expériences d'anxiété et de peur à la suite de la pandémie. Une autre enquête menée auprès de 12 000 femmes dans des communautés à faibles revenus en Ouganda et en Zambie a révélé une augmentation du stress, de l'anxiété et de la dépression persistants.
Et selon une nouvelle enquête de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) menée dans 28 pays du continent, "des déficits de financement majeurs freinent et perturbent les services cruciaux de santé mentale en Afrique, alors que la demande pour ces services augmente dans le contexte de la pandémie de Covid-19". Parmi les pays ayant répondu dans la Région africaine, 37 % ont indiqué que leurs plans d'intervention en matière de santé mentale dans le cadre de la COVID-19 sont partiellement financés et 37 % ont déclaré ne disposer d'aucun financement.
Sauver des vies
Alors que notre continent compte 15 des 30 premiers pays au monde en termes de suicide pour 100.000 personnes, ce sont les services relatifs aux troubles liés à la consommation de substances psychoactives qui ont connu les plus grandes perturbations. Les principales causes de ces perturbations des services de santé mentale étaient dues au fait que les patients ne se présentaient pas, aux restrictions de déplacements entravant l'accès aux structures de santé et à une diminution du nombre de patients en raison de l'annulation de soins non urgents.
"La Covid-19 vient accentuer une crise de longue durée qui touche les soins de santé mentale en Afrique. Les dirigeants doivent investir de toute urgence dans les services de soins de santé mentale qui sauvent des vies", pointe la Dr Moeti. Mais même avant l'apparition du coronavirus, l'Afrique avait l'un des taux de dépenses publiques les plus faibles en matière de santé mentale, avec moins de 10 cents US par habitant. Jusqu'à quand ?
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