Coronavirus : retour à la case départ pour la chloroquine ?

Submergée de critiques de scientifiques du monde entier, l'étude du Lancet à l'origine d'un changement éphémère de politique de l'OMS sur l'hydroxychloroquine dans le traitement du nouveau coronavirus (Covid-19) a finalement sombré jeudi.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Le Maroc est l'un des premiers pays au monde à avoir généralisé l'utilisation de la chloroquine face au Covid-19 (Image d'illustration)
Le Maroc est l'un des premiers pays au monde à avoir généralisé l'utilisation de la chloroquine face au Covid-19 (Image d'illustration)

Le monde doute, de nombreux pays d'Afrique la défendent encore. Mais une chose est sûre : sur la chloroquine, traitement contesté contre le coronavirus, on n'y comprend plus grand chose ! Publiée le 22 mai dans la célèbre revue médicale Lancet, une étude concluait que l'hydroxychloroquine n'était pas bénéfique aux malades du Covid-19 hospitalisés et pouvait même être néfaste. Elle vient de s'effondrer.

Submergée de critiques de scientifiques du monde entier, l'étude du Lancet sur l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 a finalement sombré jeudi après le retrait de trois de ses quatre auteurs qui reprochent au quatrième de ne pas donner accès à ses données. Alors que d'autres travaux à plus petite échelle étaient parvenus à la même conclusion qu'elle, sa parution avait eu un retentissement mondial, poussant notamment l'OMS (Organisation mondiale de la santé) à suspendre ses essais cliniques sur l'hydroxychloroquine contre le coronavirus. 

Critiques des pro-chloroquine

Mais les critiques n'ont pas tardé, en masse, venues des défenseurs de la controversée molécule comme le chercheur français Didier Raoult qualifiant l'étude de "foireuse", mais aussi de scientifiques sceptiques sur l'intérêt de ce médicament pour les malades contaminés par le nouveau coronavirus. Mercredi, l'OMS a finalement annoncé la reprise des essais cliniques avec l'hydroxychloroquine et l'étude européenne Discovery envisage de faire de même.

De nombreux pays d'Afrique croient toujours au traitement. Le Tchad, le Maroc, l'Algérie, le Sénégal, le Cameroun maintiennent leur protocole thérapeutique à base d'hydroxychloroquine pour traiter les malades du nouveau coronavirus. Certains médecins du continent sont bien plus prudents. "Nous le répétons : la prescription systématique de la chloroquine n'est pas recommandée !", pointe ainsi Charlemagne Ouédraogo, président de l’Ordre national des médecins du Burkina Faso, interrogé par AlloDocteurs.Africa

La Chloroquine toujours en sursis?

Si les anti-chloroquine ont été affaiblis, ses partisans ne peuvent pas encore ouvrir le champagne... Mercredi, une autre étude menée aux Etats-Unis et au Canada publié  a conclu que la molécule est inefficace dans la prévention du Covid-19. Ces résultats étaient très attendus car il s'agissait d'un essai contrôlé randomisé, protocole considéré comme la référence pour l'étude des résultats cliniques. Mais elle est "trop petite pour être irréfutable", a insisté Martin Landray, épidémiologiste à l'université d'Oxford.

Vendredi, une autre étude, l’essai clinique britannique Recovery, affirme que l’hydroxychloroquine ne soigne pas les malades du Covid-19. Ses  responsables ont annoncé, l’arrêt immédiat de l’inclusion de nouveaux patients pour ce traitement. Après la reprise annoncée des essais par l'OMS, d'autres résultats devraient arriver. En attendant , le débat acharné entre défenseurs et détracteurs de la fameuse molécule risque de se poursuivre.

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !