Déni de grossesse : une épreuve pour les femmes

Elles sont enceintes sans le savoir, elles accouchent sans que personne ne s'y attend.. De nombreuses femmes refusent d'avoir un enfant au point de nier son existence. Mais comment un déni de grossesse est possible ? Quel type de suivi est nécessaire ? AlloDocteurs Africa vous dit tout.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Le déni de grossesse peut être une véritable épreuve pour les femmes (Image d'illustration)
Le déni de grossesse peut être une véritable épreuve pour les femmes (Image d'illustration)

C'est un trouble psychologique encore mal compris. Le déni de grossesse, c'est-à-dire le fait d'être enceinte sans le savoir au-delà du troisième mois de grossesse, peut toucher n'importe quelle femme. En cas de déni, les symptômes de la grossesse ne se présentent pas : les femmes continuent d'avoir leurs règles (ou au moins des pertes de sang assimilées à des règles), leur ventre ne "pousse" pas, elles ne sentent parfois même pas le bébé bouger dans leur ventre.

Le déni peut-être total, (la femme découvre qu'elle est enceinte seulement au moment d'accoucher), ou bien partiel. Dans ce cas, la grossesse est découverte après la fin du premier trimestre, mais avant le terme. Les femmes qui font des dénis partiels verront souvent leurs corps présenter soudainement les symptômes de la grossesse : "Je me souviens du cas d'une jeune fille de 17 ans qui, quelques jours après le diagnostic était méconnaissable," nous raconte le gynécologue obstétricien Jean-Christophe Touré. Avant d'ajouter qu'"elle était venue avec sa mère pour une absence de règles dont elle ignorait la cause, et on a découvert qu'elle était enceinte de 7 mois. Quand elle est revenue au cabinet pour des examens complémentaires quelques jours plus tard, tout son corps avait changé. Son ventre était si gros qu'on aurait cru qu'elle était enceinte de jumeaux !"

Un bouleversement psychologique

Le déni de grossesse est une véritable épreuve, qui peut être difficile à surmonter pour celles qui la vivent. Il y a bien sûr un effet de choc à la découverte de la grossesse, puis souvent une certaine culpabilité pour la mère, qui n'a pas toujours mené sa grossesse en respectant toutes les précautions nécessaires. Certaines femmes peuvent aussi avoir du mal à tisser un lien avec leur enfant, car elles n'auront pas eu les neufs mois normalement prévus pour se faire à l'idée d'être mère. Il est donc très important pour les jeunes mères d'avoir le soutien de leur famille et de leurs proches pendant la fin de leur grossesse et après la naissance. 

En Afrique, c'est souvent la partie la plus difficile du déni de grossesse. "Le poids du regard de la société peut être très difficile à porter," confirme le Dr Touré. "La société, l’entourage, ont tendance à dire qu’il faut assumer et se débrouiller, surtout quand une femme a un enfant sans être mariée. Il y a donc beaucoup de peur autour du fait d'être répudiée. Dans certains cas extrêmes, on peut même répudier la jeune femme qui est enceinte et sa mère !" Ce rejet peut mettre les femmes dans une situation difficile et les obliger à abandonner leurs études pour trouver du travail et subvenir à leurs besoins et ceux de leur enfant. Pourtant avec un peu de tolérance et d'accompagnement, un déni de grossesse peut aboutir à une naissance heureuse ! Mais pour cela, les mentalités doivent évoluer pour ne plus stigmatiser et rejeter les femmes. 

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