Coronavirus : comment l'Algérie brave la pandémie

Alors que l'Algérie assiste à un bond des contaminations au Covid-19, les autorités multiplient leurs efforts pour faire face à la pandémie.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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Alger vit toujours à l'heure du coronavirus (photo d'illustration)
Alger vit toujours à l'heure du coronavirus (photo d'illustration)

La guerre contre le coronavirus n'est pas finie. Ce weekend, l'Algérie a décidé de maintenir fermées ses frontières jusqu'à nouvel ordre face à la recrudescence des contaminations au Covid-19, due selon les autorités à un "relâchement" de la population et au non-respect des règles de protection. 

Trois semaines après les premières mesures de déconfinement, les records de contaminations tombent jour après jour (+305 dimanche).  Selon le dernier bilan officiel, un total de 13.571 personnes contaminées et plus de 900 décès ont été enregistrés depuis le premier cas le 25 février.

"Ma grande crainte au vu de ce qui se passe est que nous allons nous retrouver dans une situation identique à celle de l'Espagne, de l'Italie. La situation est grave", s'inquiète le docteur Youcef Boukhari, chef du service prévention à la Direction de la santé et de la population d'Oran (DSP), dans le quotidien francophone Liberté.

Pourquoi ce rebond?

"C'est le résultat d'un relâchement, d'un laisser-aller, en particulier dans certaines wilayas (préfectures) comme à Blida", près d'Alger, le premier foyer de l'épidémie, explique le président du Conseil l'Ordre des médecins, Mohamed Bekkat Berkani. Mais la situation n'est pas "catastrophique", juge le docteur Bekkat Berkani, qui est membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie. Pour lui, la première vague n'est toujours pas terminée. 

Face à cette situation, les autorités ont multiplié les mesures pour ralentir la transmission du coronavirus (Covid-19). Un couvre-feu est en place dans 29 des 48 préfectures du pays. Et le gouvernement a décidé, ce 29 juin, de procéder au "confinement ciblé des localités, communes ou quartiers connaissant des foyers ou des +clusters+ de contamination".

Pour l'heure, le port du masque est toujours obligatoire et tout rassemblement public est formellement interdit, tandis que les frontières restent fermées jusqu'à nouvel ordre.

Comment réagit la population ?

La population ne s'est pas totalement conformée aux mesures de prévention. Certains continuent d'affirmer que le virus est une invention de l'Etat, notamment sur les réseaux sociaux.  Bien qu'obligatoire, le port du masque ne s'est pas généralisé.  Des cortèges de mariages --c'est la saison-- ont été aperçus et des manifestations du "Hirak", le mouvement de contestation antirégime, ont repris en province, malgré l'interdiction de tout rassemblement public.

Dans les quartiers populaires d'Alger, où les familles vivent dans la promiscuité, beaucoup bravent le couvre-feu. Le Dr Bekkat Berkani regrette que certains aient repris leurs habitudes "comme avant". Et il critique les partis politiques "plus concernés par leur cuisine interne que par l'union sacrée pour lutter contre le Covid-19".

Même son de cloche pour le personnel de santé. "Tout le monde est à bout de souffle. Les médecins sont au bout du rouleau. Les structures hospitalières sont dépassées", témoigne le patron du Conseil de l'Ordre, jugeant que "les institutions de l'Etat ont été quelque part défaillantes".

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