Coronavirus : Chloroquine, ce médicament source d'espoir... et d'empoisonnements

Alors que la France vient d’autoriser des essais cliniques avec la chloroquine pour lutter contre le Covid-19, de nombreux pays africains se ruent vers ce médicament qui serait capable de soigner la maladie.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
A ce jour, la chloroquine n'est pas considérée comme un remède fiable par les médecins (Illustration)
A ce jour, la chloroquine n'est pas considérée comme un remède fiable par les médecins (Illustration)

C'est la course pour un remède contre le Covid-19. Alors que le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la maladie à coronavirus (Covid-19), continue de se propager dans la planète, de nombreux chercheurs se sont lancés dans une course contre la montre pour trouver un traitement à cette nouvelle maladie infectieuse. Pour le moment, plusieurs pistes de traitement sont examinées dans les plus grands laboratoires. Parmi ces éventuelles solutions, la chloroquine.

Cette molécule à laquelle on attribue des miracles est bien connue en Afrique où elle a été notamment utilisée pour soigner le paludisme (qu'on appelle aussi malaria). Connu sous le nom de Nivaquine, ce "vieux médicament" a été abandonné dans la lutte contre le paludisme, depuis l'apparition de résistances au parasite qui est à l'origine de la maladie. Aujourd'hui, il est prescrit pour soigner d'autres maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde.

L'Afrique prend les devants

Mais depuis qu'une étude réalisée par trois chercheurs chinois a été publiée, en février, dans la revue BioScience Trends, la chloroquine laisse espérer un traitement contre le coronavirus. 

"L’annonce de l’efficacité de la chloroquine sur les réseaux sociaux a accru sa popularité en Afrique avant sa médiatisation internationale, y compris parmi les soignants, et avant que des dispositions soient prises pour en réduire les risques", peut-on lire dans une étude du Coraf (coronavirus-Afrique), un groupement issu du réseau ouest-africain Anthropologie des épidémies émergentes. Résultat, les populations de différents pays du continent se sont ruées vers les pharmacies pour en acheter. Alors que la France vient d'autoriser des essais cliniques avec la chloroquine sur des malades du Covid-19, certains gouvernements n'ont même pas attendu cette décision pour en faire un stock. 

Au Maroc, où la barre des 140 malades a été franchie ce lundi, “le ministère de la Santé a racheté au laboratoire français Sanofi l’ensemble du stock de Nivaquine, un médicament à base de chloroquine, produit dans ses usines de Casablanca”, précise le journal L’Économiste. Un peu plus loin, au Bénin, là où 5 cas confirmés ont été identifiés, les autorités ont aussi décidé d'adopter la chloroquine comme traitement pour les malades du Covid-19.

Attention à l'automédication 

Pourtant, la chloroquine peut être toxique quand elle est consommée sur une longue durée et/ou à des doses élevées. Ses effets secondaires sont nombreux : affections du système immunitaire, affections gastro-intestinales, vomissements, nausées... 

Au Burkina Faso, pays le plus durement touché par la pandémie de coronavirus en Afrique de l'Ouest (99 cas, dont 4 décès), Charlemagne Ouédraogo, le président du Conseil national de l’ordre des médecins, appelle chaque médecin  s’abstenir de toute prescription de la chloroquine dans l’objectif de traiter des cas suspects de Covid 19 et a fortiori pour la prévention". 

De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) condamne l'administration de médicaments dont l'efficacité face au SRAS-CoV-2, le virus responsable de la maladie à coronavirus (Covid-19), n'a pas été prouvée. "Des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d'observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin", prévient Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. D'autant plus que des pays comme le Nigéria ont enregistré des cas d'empoisonnement à la chloroquine. "Nous avons déjà eu deux cas d'empoisonnement hospitalisés à Lagos mais nous allons certainement voir d'autres cas se multiplier dans les prochains jours", précise Ore Awokoya, conseillère à la Santé du gouverneur de Lagos. 

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