Cancer de la peau en Afrique : pourquoi le diagnostic est difficile à poser

Contrairement à une croyance largement répandue, les personnes à la peau noire ou mate ne sont pas protégées des cancers de la peau. Ces tumeurs cutanées peuvent même être plus graves... car elles sont malheureusement mal diagnostiquées.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Les cancers de la peau sont difficiles à diagnostiquer en Afrique (Image d'illustration)
Les cancers de la peau sont difficiles à diagnostiquer en Afrique (Image d'illustration)

Le cancer de la peau nous concerne tous ! Contrairement à une croyance encore trop répandue, les peaux mates et noires ne sont pas protégées des dangers de l'exposition aux rayons ultraviolets. C'est simple : tout le monde peut développer une tumeur cutanée. 

Il existe deux grands types de cancers de la peau : les carcinomes et les mélanomes.

  • Les carcinomes sont les plus courants et les moins graves, car ils sont souvent locaux. Causés généralement par une forte exposition au soleil, ils se développent à partir des kératinocytes, les cellules majoritaires de la peau qui produisent la kératine des cheveux, des ongles...
  • Les mélanomes sont plus rares (environ 10%) et plus dangereux. Ces tumeurs malignes des mélanocytes, les cellules qui fabriquent la mélanine, sont de plus en plus mortelles en Afrique. 

C'est d'ailleurs un mélanome lentigineux, qui se développe dans des zones peu exposées au soleil, comme la plante du pied, la paume de la main ou bien sous l'ongle, qui a fauché la vie il y a 40 ans du pape du reggae, Bob Marley. Cette tumeur est généralement grave, car elle peut se métastaser, c'est-à-dire se propager dans tout le corps. 

Diagnostics tardifs et pronostics péjoratifs

Le mélanome se révèle particulièrement dangereux pour les peaux foncées. Si ce type de cancer est plus rare, il est important de le dépister très tôt pour avoir un bon pronostic. Mais malheureusement, le diagnostic est très difficile chez les personnes ayant une peau foncée. Cela s'explique en partie par une méconnaissance des risques chez les populations noires, mais aussi par un vrai manque de connaissances médicales. Dans un continent où les dermatologues se font rares, les manifestations cutanées du mélanome sur les peaux noires sont mal connues. 

Selon une étude publiée dans le Journal of the American Academy of Dermatology, le taux de représentation des peaux noires dans les manuels de médecine est de seulement 4,5% ! Comme la dermatologie est une discipline où les images sont essentielles pour reconnaître les symptômes, les personnes noires sont souvent désavantagées car la littérature scientifique manque de ressources. S'il semble important de faire évoluer les enseignements pour permettre une meilleure prise en charge de tous les types de peaux, l'espoir existe : Malone Mukwende, un étudiant en médecine de Londres, a récemment crée Mind The Gap, un guide collaboratif recensant différents symptômes sur des peaux foncées. De quoi faire avancer la médecine et l'égalité. 

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