Face à la Covid-19, le système de santé tunisien "souffre toujours de défaillances"

Alors que la Tunisie a identifié, ces derniers jours, un nombre record de nouveaux cas de Covid-19, le Premier ministre, Hichem Mechichi, a alerté jeudi sur les "défaillances" des hôpitaux.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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La Tunisie fait face à une augmentation du nombre de contaminations au coronavirus (photo d'illustration)
La Tunisie fait face à une augmentation du nombre de contaminations au coronavirus (photo d'illustration)

La situation se complique. En Tunisie, le ministère de la Santé a indiqué jeudi que 465 nouveaux malades avaient été identifiés la veille, un nouveau record, portant le nombre de cas confirmés à 5.882 au total depuis mars, dont 99 morts.

Après avoir pris des restrictions précoces et strictes qui ont permis de circonscrire la pandémie, la Tunisie a ouvert ses frontières le 27 juin, et mis fin à la quarantaine obligatoire dans des hôtels qui permettaient d'isoler les malades arrivant de l'étranger. Les services Covid des hôpitaux, qui avaient pu soigner les premiers malades sans être débordés, et s'étaient vidés au printemps, ont depuis recommencé à se remplir, avec 88 patients actuellement dont 26 en réanimation. Le nombre de cas a été multiplié par cinq en un peu plus de deux mois et le nombre de morts quasiment par deux depuis l'ouverture des frontières. A l'issue d'une rencontre avec la commission scientifique chargée du suivi du Covid, Mechichi a souligné que le secteur de la santé "souffre toujours de défaillances, que ce soit au niveau de l'équipement ou des ressources humaines".

"Forte pénurie de médecins spécialisés"

Le ministre, Hichem Mechichia a aussi reconnu que la situation des hôpitaux "ne répond pas aux attentes des citoyens", soulignant dans ce contexte "le phénomène de la migration des médecins, la forte pénurie de médecins spécialisés et la fermeture de certains services ou établissements en raison du manque de personnel médical et para-médical".

La secteur de la santé publique, longtemps considéré comme stratégique, souffre depuis une vingtaine d'années d'un abandon au profit du privé, de problèmes de gestion et de corruption. Les médecins qualifiés ne manquent pas mais beaucoup partent à l'étranger et les structures de santé sont inégalement réparties dans le pays. Ainsi treize des 24 gouvernorats ont moins d'un lit de réanimation pour 100.000 habitants, selon une étude récente illustrant la marginalisation des régions du sud et du centre. A l'hôpital régional "Mohamed Ben Sassi" de Gabès, il n'y a aucun médecin réanimateur. 

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