Coronavirus : l'Afrique accélère dans la course aux vaccins

Alors qu'elle était à la traine dans la course mondiale aux vaccins contre le coronavirus, l'Afrique accélère et assure avoir garanti des centaines de millions de doses pour le continent.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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L'Afrique semble avoir dépassé la première vague de coronavirus (photo d'illustration)
L'Afrique semble avoir dépassé la première vague de coronavirus (photo d'illustration)

On est presque prêt ! A l'heure où seule une poignée de pays africains ont commencé à vacciner leur population à ce jour, dont l'Egypte, les Seychelles, Maurice et le Maroc, la plupart des pays du continent misent sur l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Union africaine (UA) pour s'approvisionner. 

Après avoir obtenu 270 millions de doses de la piqure salvatrice, l'UA vient a assuré 400 millions de doses supplémentaires pour le continent. Ces 400 millions de doses ont été acquises auprès de l'Institut Serum of India (SII), qui produit à grande cadence des vaccins développés par AstraZeneca et l'université d'Oxford, pour l'Inde et une grande partie des pays en développement.

Le dispositif Covax de l'OMS, pour un accès équitable aux vaccins, fournira parallèlement les doses pour 20% de la population.  "D'ici mars, nous verrons certainement la plupart des pays commencer à vacciner", a estimé jeudi Richard Mihigo, coordinateur du programme d'immunisation et du développement des vaccins au bureau régional de l'OMS pour l'Afrique. Avant d'ajouter que "c'est un début lent, mais nous nous attendons à ce que les choses s'accélèrent dans les mois à venir".

L'un des continents les moins touchés

Depuis le début de la pandémie, l'Afrique reste officiellement l'un des continents les moins touchés par le virus, avec 3,5 millions de cas et 88.000 morts, selon les derniers bilans officiels. Mais la plupart des pays du continent sont frappés par une deuxième vague plus meurtrière qui les a forcés à revenir à des mesures sanitaires strictes. Les infections ont augmenté de 50% au cours des quatre dernières semaines et le nombre de décès a été multiplié par deux, selon l'OMS.

Et la découverte de nouveaux variants, en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne, réputés plus contagieux et qui continuent à se propager en Afrique et dans le monde, a aussi accéléré la ruée vers les vaccins. Dernier en date, le Sénégal a annoncé jeudi avoir détecté pour la première fois le variant britannique. 

"Effort historique" 

L'Afrique aura besoin de 1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de sa population et atteindre l'immunité collective, selon les estimations. Pour un coût qui oscille entre 5,8 et 8,2 milliards d'euros. Tous les vaccins seront disponibles "entre cette année et l'année prochaine", a promis le directeur de l'agence du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l'UA, John Nkengasong. 

Parallèlement, certains gouvernements ont engagé des négociations bilatérales avec les laboratoires pharmaceutiques pour obtenir davantage de vaccins, au risque de faire flamber les prix. Première puissance industrielle du continent, l'Afrique du Sud doit recevoir "un million" de doses lundi, négociées directement avec le laboratoire AstraZeneca, a annoncé mercredi le ministre de la Santé, Zweli Mkhize. Le pays africain le plus touché par le virus, avec plus d'1,4 million de cas et près de 43.000 décès officiels, a aussi garanti l'accès à neuf millions de vaccins auprès du laboratoire Johnson&Johnson et recevra 12 millions de doses de Covax.

Lors du sommet virtuel de Davos cette semaine, le chef d'Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, a fustigé les pays riches qui "accaparent" les vaccins, s'indignant contre le "nationalisme vaccinal". Il a appelé ceux qui ont les moyens d'acquérir "jusqu'à quatre fois ce dont leur population a besoin", à mettre à disposition leurs doses excédentaires. 

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